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Quel est notre espoir, à nous chrétiens ?
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Prédication de Jean Jacques DIJOUX du 17 novembre 2024
LECTURES :
Daniel 12 1En ce temps-là paraîtra Michel, le grand prince, le protecteur de ton peuple. Ce sera un temps d’angoisse, comme il n’y en aura jamais eu depuis que les peuples existent et jusqu’à ce temps-là. Dans ce temps-là seront sauvés tous ceux de ton peuple dont le nom sera inscrit dans le livre. 2Beaucoup de gens qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle. 3Les gens intelligents rayonneront de splendeur comme la voûte céleste ; après avoir montré aux autres comment être fidèles, ils brilleront pour toujours comme des étoiles.
Hébreux 10, 11 Tout prêtre se tient chaque jour debout pour accomplir son service ; il offre à de nombreuses reprises les mêmes sacrifices qui ne peuvent cependant jamais enlever les péchés. 12Le Christ, par contre, a offert un seul sacrifice pour les péchés, puis il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. 13Maintenant, c’est là qu’il attend que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. 14Ainsi, par une seule offrande, il a conduit à la perfection pour toujours les personnes qu’il a rétablies dans leur relation à Dieu.
15L’Esprit saint nous l’atteste également. En effet, il dit tout d’abord :
16« Voici en quoi consistera l’alliance que je conclurai avec eux,
après ces jours-là, déclare le Seigneur :
J’inscrirai mes instructions dans leur cœur,
je les graverai dans leur pensée.
17Je ne me souviendrai plus de leurs fautes ni de leurs péchés. »
18Or, dès lors qu’il y a eu pardon, il n’y a plus nécessité d’offrande pour les péchés.
Marc 13, 24En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, 25les étoiles tomberont des cieux, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. 26Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées, dans toute sa puissance et sa gloire. 27Il enverra les anges pour rassembler ceux qu’il a choisis des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité des cieux.
28Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que ses feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. 29De même vous aussi, quand vous verrez ces événements arriver, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. 30Je vous le déclare, c’est la vérité : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. 31Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. 32Pour ce qui est du jour ou de l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, ni même le Fils ; le Père seul le sait.
PRÉDICATION
Quel est notre espoir, à nous chrétiens ? Dans un monde brinquebalant, maltraité par les mensonges institutionnalisés si bien que nous devrions nous battre pour que la notion de vérité ne soit plus transgressée, avec des catastrophes dont nous savons que nous sommes responsables…
Quel sont nos espoirs, à nous chrétiens, face aux incertitudes liées à l’intelligence artificielle alors que les États-Unis ont voté massivement pour un illibéral qui s’annonce comme tel soutenu par les géants libertariens de la Silicon Valley ? Face à la guerre d’invasion de la Russie dont on pourrait craindre qu’elle soit le prélude à un conflit plus large en Europe ? Face à l’enchainement des massacres au Proche-Orient, en Afrique ?
Que pouvons-nous faire pour que l’espoir ne devienne pas espérance, c’est-à-dire qu’il nous ne reste plus rien d’autre que de croire face à l’impossible, à l’indicible, à l’invincible ?
Daniel nous dit que les croyants seront sauvés : « Ceux qui auront été perspicaces brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à beaucoup brilleront comme les étoiles, pour toujours et à perpétuité ». Paul écrit aux hébreux que la Croix, Jésus, nous a sauvés sans que nous soyons obligés de nous plier à des lois difficiles à mettre en œuvre, sans discrimination entre les bons et les méchants : « Il ajoute: Je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs fautes. Or là où il y a pardon des péchés, il n’y a plus à présenter d’offrande pour le péché. »
Nous avons un mouvement vers la libération avec ces deux textes. Pour Daniel, seuls les justes seront sauvés, pour Paul, nous serons tous sauvés car Jésus nous pardonne, et là il y a pardon de Jésus les offrandes expiatoires ne sont plus nécessaires.
Et Marc ? Dans ce discours, il n’est plus question de la fin et des signes qui l’annoncent. Il est question de la fin elle-même, celle qui échappe à l’histoire. À un moment connu du seul Jésus et de Dieu. Si la description des évènements présente une dramaturgie apocalyptique : « Mais ces jours-là, après ce temps de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, 25 les étoiles tomberont du ciel[d] et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées[e] avec beaucoup de puissance et de gloire ».
Deux ou trois choses. Dans la version en grec, les verbes sont au futur, il est possible d’y lire que les évènements seront indépendants des hommes, ils ne pourront rien y faire. Ensuite, il nous est dit que ce sera « après ces temps de détresse », cette formulation est souvent utilisée pour introduire des propos eschatologiques, de la fin du monde, dans les Écritures, particulièrement le Premier Testament. Il nous faut aussi rapprocher la chute des étoiles, l’obscurcissement du soleil et de la lune de la Gn, particulièrement le quatrième jour, celui de la création du temps et du calendrier. Ce dont Marc nous parle, c’est l’ébranlement du calendrier par la venue du fils de l’homme, pour des hommes venus de toute la terre. S’agit-il de l’annonce d’un châtiment comme dans Isaïe, ce ne semble pas justifié. S’agit-il d’une théophanie, une révélation de Dieu ? Probablement. Ou bien de la destruction des idoles païennes, dans le ciel religieux ? S’il est hasardeux de s’insérer dans les pensées des rédacteurs, même en se plongeant dans le contexte historique, ce que nous pouvons retenir de ce moment de l’évangile de Marc, c’est que la venue du fils de l’homme est précédée d’un grand nettoyage du printemps apocalyptique, une sorte de démontage cosmique de la création comme dit le théologien Vouga.
Autre point qui me semble important, c’est que le Fils de l’homme vient pour une action positive. Dans un tel tableau apocalyptique, nous nous attendrions à la résurrection des morts, suivi d’un jugement portant récompenses pour les bons, portant châtiments pour les mauvais. Il n’en est rien. L’attention est orientée vers les élus, dont l’universalité est soulignée par la mention des « quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. »
Dépassant la lecture convenue, pessimiste, accrochée aux textes apocalyptiques, Marc nous projette dans une dimension optimiste, alors que le plus souvent le Fils de l’homme est associé à l’autorité, à la souffrance, à la mort, surtout, chez Marc. La venue du Fils de l’homme coïncidera avec le salut définitif, les élus, l’humanité j’espère aux exceptions exceptionnelles près, sera réunie dans une perspective universaliste.
Les versets qui suivent nous parlent du figuier dont les « branches deviennent tendres et que les feuilles poussent vous savez que l’été est proche ». Il appelle les disciples, nous les chrétiens, à ne pas nous laisser emporter par les faux prophètes, prophètes de malheur en général, mais plutôt à observer la nature et à en comprendre les messages. Cette description du figuier est précédée d’un appel à la mémoire, à la mémoire des paroles de Jésus, qui ne passent pas, qui ne devraient pas s’oublier, de son rôle indépassable.
Ainsi, notre passage de l’évangile de Marc est en quelques sorte une apocalypse renversée pour reprendre l’expression du professeur Cuvillier. C’est un appel à ne pas se laisser abuser par les faux prophètes, mais à suivre le Christ portant sa Croix, c’est-à-dire prendre avec lui le chemin de Gethsémani et de la Passion, non par le choix de la souffrance mais pour mettre en accusation les puissants de ce monde qui l’ont crucifié, lui le Fils de l’homme. Le premier risque qui nous attend comme disciple, c’est la tentation de puissance et de pouvoir nous dit Marc.
Quels espoirs pour nous chrétiens du XXI° siècle ? Quelles questions nous posent ce texte de Marc ? Face au dévoilement du sens de notre vie, ces « désirs apocalyptiques », du pourquoi tout ça, qu’il y a-t-il de révélé ? Des ambivalences : maîtriser la connaissance du bien ou du mal ? Reprendre racine dans un espoir, une confiance, une annonce de l’été qui vient ? Quel rapport avoir à la vie, entre maîtrise et consentement, volonté et abandon, inquiétude et confiance…Dieu à ma porte, incognito ?
Il nous faut être concerné par la dimension écologique de notre vie, par des gestes quotidiens, comme ne pas utiliser d’insecticide. Par notre soutien à des manifestations internationales comme la réunion sur la biodiversité mondiale de Cali, en Colombie, qui a enfin reconnu le partage des bénéfices par les multinationales des usages des génomes naturels extraits des animaux et des plantes des pays en développement.
Il nous faut être concerné par les guerres du monde entier, même si les victimes sont loin, par les enfants soldats, par les femmes violentées, violées, par les économies déstructurées qui créent des drames de la pauvreté immenses.
Il nous faut être concernés par les migrants, les chômeurs, les précaires du monde d’aujourd’hui qui ne bénéficient pas de la protection sociale minimum que nous connaissons en Europe.
Face à ces vagues de mal, le texte de Marc nous dit que si rien n’est éternel, nous avons à être porteurs d’un espoir universel, celui de la foi bien sûr, celui de la confiance que nous donne Dieu et notre Sauveur, le Christ. Quelle plus belle image avons-nous que celle de Martin Luther : « même si je savais que le monde doit disparaître demain, je planterais encore un pommier aujourd’hui. » Certains peuvent y voir un rappel de notre fragilité, à la fragilité du monde, voyons plutôt un appel à la persévérance dans la confiance et la croyance dans le futur, ses inconnus mais aussi sa capacité à se renouveler, à nous renouveler.
Quels espoirs pour nous chrétiens du XXI° siècle ? J’égrenai au début les visages du mal d’aujourd’hui, si proche de ceux de tous les temps à l’exception des impacts inconnus des technologies aux mains des mauvais, quoique…
Nous avons un espoir, une force, un mode de vie.
Un espoir : le Royaume de Dieu qui peut-être arrivera si vous y croyez, mais qui est sur terre au présent et au futur, c’est un moteur de vie, un fondateur de l’espoir de chacune et chacun de nous dans notre quotidien.
Une force : une foi, une confiance, celle de Dieu et de son fils qui nous accompagne par sa grâce, prions pour que les hommes « des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. » soient en son bénéfice, qu’ils en aient conscience ou non.
Un mode de vie : répétons-nous chaque jour ce commandement que Jésus nous donne en viatique : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres.»
Amen
Jean Jacques DIJOUX , 17 novembre 2024