prédication Matthieu 11

on va porter le joug ensemble

prédication Matthieu 11

Prière d’Illumination

Prions avant d’ouvrir la Bible pour que la lecture nous révèle un message pour aujourd’hui.

Seigneur, nous voici devant toi

pour entendre la parole que tu veux nous dire aujourd’hui.

Permets que dans les paroles humaines que nous allons entendre,

nous puissions chacun entendre dans notre cœur

la parole que tu veux nous adresser aujourd’hui pour nous.

Viens toi-même nous donner ton Esprit

afin que de ces paroles puisse découler la nourriture spirituelle

dont nous avons besoin pour avancer sur notre route vers ton royaume.

 

Lectures Bibliques

Romains 8.9-13

9 Quant à vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais sous celui de l’Esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous. Et si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. 10 Or si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l’Esprit de celui qui a réveillé Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a réveillé le Christ d’entre les morts fera aussi vivre vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. 12 Ainsi donc, mes frères, nous sommes bien débiteurs, mais non pas envers la chair — pas pour vivre selon la chair. 13 En effet, si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les agissements du corps, vous vivrez.

MT 11 , 25 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d’avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites. 26Oui, Père, dans ta bienveillance, tu as voulu qu’il en soit ainsi.

27Mon Père m’a remis toutes choses. Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils et ceux à qui le Fils veut le révéler.

28Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. 29Prenez sur vous mon joug et laissez-moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour tout votre être. 30Le joug que je vous invite à prendre est bienfaisant et le fardeau que je vous propose est léger. »

 

Prédication

Mt 11 28 Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. 29 Prenez sur vous mon joug et laissez-moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour tout votre être. 30Le joug que je vous invite à prendre est bienfaisant 

et le fardeau que je vous propose est léger. 

 

Chers amis,

ce n’est pas la première fois que nous nous retrouvons face à un passage biblique qui semble bien contradictoire à première vue.

Dans une phrase Jésus invite à déposer le fardeau et dans l’autre il le remplace par un joug, qu’il invite à prendre. Déposer pour reprendre un autre poids derrière, en quoi cela m’avancerait ?

 

Quand la contradiction saute aux yeux, c’est évident que cela veut provoquer l’auditeur, que cela veut attirer notre attention et susciter notre curiosité pour découvrir la logique que Jésus propose et qui n’est pas forcement la nôtre.

 

  1. Contrainte – Liberté – Cadre /aide 

Commençons par le « joug » – à quoi bon ? Le joug permet d’atteler des animaux en exploitant au mieux leur force de traction. Le joug s’emploie généralement avec des bovins, parfois des chevaux. Il est le plus souvent double afin d’atteler ensemble une paire de bœufs pour labourer ou tirer un chariot.

C’est donc un outil de travail qui permet de se servir au mieux de la force de l’animal pour exploiter la terre et d’obtenir une bonne récolte.

Un boeuf sans joug sur un champ , il voudrait aller dans tous les sens, brouter où il a envie de brouter et piétiner où il ne faut pas. Le joug permet ainsi à l’agriculteur de diriger l’animal dans le bon sens.  C’est pourquoi le joug, dans la pensée juive, est devenu aussi l’image et le symbole de la LOI. Tel l’animal qui a besoin du joug pour porter fruit dans son travail, tel l’être humain qui a besoin d’être guidé et dirigé pour que sa vie soit fertile et au bénéfice de tout le monde.

Cet image nous plait ou elle nous ne plait pas, je soupçonne que nous sommes nombreux à voir plutôt les contraintes d’un joug que de voir le côté bénéfique,

mais son sens premier veut être bien positif. Le meilleur arrière plan pour illustrer de quoi parle cette image, c’est l’Exode du peuple Israël : Dieu les sort d’Egypte et leur enlève le fardeau d’esclavage. Mais la nouvelle liberté est vécue comme une menace et non comme un cadeau. Les personnes expriment vite leurs inquiétudes : Où allons nous ? Comment faisons nous pour boire, manger et pour vivre en paix ensemble. Alors Dieu leur donne les dix commandements, des règles de vie qui devraient permettre de vivre la liberté, permettre de vivre en société et de se respecter. Des commandements sont comme des balises qui montrent le chemin, ou donc comme un joug qui fait qu’on ne « déraille » pas.

La différence du fardeau d’avant et du joug d’après est bien évidente :

Le fardeau de l’esclavage était une contrainte non choisie, c’était une façon d’exploiter les Israélites sans se soucier de leur avis, de leur santé ou de leur dignité.

La loi, par contre, est offerte comme une opportunité, comme un outil de travail, comme une boussole qui laisse toute la responsabilité à celui qui se soumet à cette loi … Il et elle a toujours à faire ses propres choix et à discerner la façon dont il ou elle veut vivre. Le joug allège le travail, c’est une aide.

Avec ce passage de l’évangile de Mathieu nous nous retrouvons dans cette double problématique :

Notre vie se décline entre contraintes d’un côté pour lesquelles nous cherchons une libération et besoin d’aide de l’autre coté pour vivre et assumer notre liberté. La foi judéo chrétienne se base sur cette découverte et cette acceptation: jamais nous ne serions libres ou capables de vivre notre liberté sans accepter de l’aide, des directives, d’être accompagnés dans nos choix. C’est pourquoi le paradoxe de ces deux versets connait bien une logique propre : déposez votre fardeau (vos contraintes imposées) … découvrez la libération qui en découle … et laissez vous aider par la loi pour être  libre vis à vis les hommes, mais guidés par Dieu. Effectivement les deux sont liés : Pas de liberté sans libération, mais pas de liberté non plus sans aide pour la vivre et l’accomplir.

 

2.  Connaitre mon fardeau 

Sur le chemin de la libération il y a donc une première étape : venir avec son fardeau auprès de Dieu, via Jésus.

Mais si je veux déposer mon fardeau : Pour cela il faut commencer par connaître et détecter mon fardeau et tout ce qui pèse sur nous. Le texte ne le précise pas, avec l’avantage qu’encore 2000 ans après, chacun.e d’entre nous peut s’y retrouver avec son vécu.

De quoi suis je fatigué ?

L’un est fatigué de faire des longues trajets pour se rendre au travail.

L’autre est fatigué car il s’occupe d’un membre de la famille dépendant.

Quelqu’un est fatigué de se soucier du lendemain.

Quelqu’un ne supporte plus ses collègues.

Les malades souffrent des douleurs ou des contraintes physiques,

les abandonnés souffrent d’un coeur brisé et d’une estime de soi fragilisée,

certains enfants souffrent d’un manque d’attention et d’autres d’un surcharge d’attentes.

Nos fardeaux sont multiples et divers.

« Venez à moi » dit Jésus … « je veux vous donner du repos. »

Et j’ai envie de dire :

C’est toi, Jésus, qui va te lever la nuit pour changer les couches ?

C’est toi qui va trouver un emploi plus proche ?

C’est toi qui va guérir ?

Non, dit Jésus, ce n’est pas moi qui peut le faire, mais je t’invite à venir chez moi avec cela …. car je vois ce que tu portes, et ce que tu supportes. Je veux être avec toi et être à l’écoute.

Il me rappelle aussi son expérience, et rend témoignage de son propre vécu: « La veille de ma mort, j’ai porté sur moi le grande fardeau de la peur et de doutes et j’avais demandé à mes amis à veiller avec moi, rien de plus.

Je n’ai pas demandé à ce qu’on s’enfuie ou à ce qu’on trouve une solution pour échapper à mon destin ; j’ai juste demandé une chose : restez avec moi et veillez avec moi, veillez et priez. (Mt 26, 38) Et mes amis n’ont pas été capables de cela.

Moi, Jésus,  je veux, veiller avec toi, prier avec toi, rester auprès de toi ….

et ce sera déjà cela. »

Ce que cela change ?

Seule l’expérience peut le démontrer:

Pour l’un il trouvera la force de continuer malgré la fatigue et pour l’autre il commencera à réfléchir pour changer ses conditions de vie, pour accepter de l’aide ou faire des compromis.

Ne pas être seul,  savoir que quelqu’un connait et partage avec nous nos problèmes, cela peut être un premier repos, un premier recours pour aller de l’avant autrement.

Au nom de la foi,

nos contraintes ne sont pas le dernier mot, et ne sont pas ce qui nous définit.

C’est une libération constante à entendre : dans les yeux de Dieu nous ne sommes pas esclaves de nos vies, mais enfants bien aimés … le voilà à nos côtés pour nous aider à discerner ce qui nous est possible de faire pour changer une situation ou pour trouver la force de la traverser.

Ou comme dit dans la prière : 

  • Mon Dieu donne-moi la sérénité,

d’accepter toutes les choses que je ne peux changer.

Donne-moi le courage de changer les choses que je peux,

Et la sagesse d’en connaître la différence.

Si  nous avons déposé le fardeau, parlons du joug :

 

3.  le joug léger … raison de louange

30Le joug que je vous invite à prendre est bienfaisant et le fardeau que je vous propose est léger. 

Avec tout ce qu’on a dit je ne peux pas imaginer le joug autrement qu’un joug double.

Jésus se propose d’avancer ensemble avec moi, de tirer et de labourer la terre de ma vie pour faire au mieux. Pas de vie sans défis, sans travail, sans obstacles à surmonter … mais cette fois ci ce n’est pas une contrainte infligée par un oppresseur, mais une charge partagée, avec amour, avec respect, en gardant toute la dignité : une charge « bienfaisante »

Peu avant Matthieu nous transmet ces paroles de louange  : « O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d’avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites. 26Oui, Père, dans ta bienveillance, tu as voulu qu’il en soit ainsi. »

C’est juste : ce que nous touchons ici, dans ces quelques versets, ne s’intéresse pas à notre intelligence ou à notre connaissance, c’est une question de confiance, c’est le plus intime de la foi : Comment est ce que je me sens accompagné et soutenu par Dieu ?

Est il le grand inconnu ? Le grand absent ?

Ou est ce que malgré des fardeaux existants je ressens sa présence bienveillante ?

« Avec tout ce qui (m’)arrive, je ne peux pas croire que Dieu est présent dans ce monde et dans ma vie, » : c’est ce que j’entends souvent et ce qui peut nous venir comme doute à nous tous.

Jésus invite à bien différencier entre deux fardeaux différents : Les fardeaux imposés par d’autres personnes ou par les conditions de la vie, qui ne sont ni voulus, ni imposés par Dieu, et puis de l’autre côté la responsabilité qu’on s’apprête à porter, sincèrement, en équation avec notre foi, avec l’aide de Dieu. Déposes l’un et prends courageusement l’autre … finalement c’est une logique qui peut nous parler. Dieu se révèle comme celui qui veut aider à porter, et non comme celui qui alourdi la tâche.

La vie chrétienne ne connaîtra pas le coup de baguette magique qui résoudra tous les problèmes, mais jamais on ne sera seul à la porter et c’est le début d’une libération et de quoi prendre courage.  Amen

  

 

Christina WEINHOLD  

Église Protestante UnieLevallois – Clichy 
8 juillet 2023

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