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Marie, qui est-ce ?
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Le culte autrement par Christina Weinhold et Jean Jacques Dijoux 18 mai 2025
Que la grâce et la paix soient avec vous.
Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Etre avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, mais seulement chanter
Parce qu’on a le coeur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
En ces espèces de couplets soudains. (….)
Vous l’avez remarqué … Aujourd’hui nous ne suivons pas la liturgie habituelle.
Le culte sera structuré par la lecture de poèmes et une approche biblique à la question : Marie – qui est-ce ?
Et bien sûr nous allons prier et chanter.
Nous accueillons ce matin l’église protestante unie de Ermont Taverny avec nous.
Ils sont en sortie paroissiale et découvrons aujourd’hui le temple de Levallois.
Commençons par le premier cantique:
Cantique : All 21/07, 1.2.4. Qu’aujourd’hui toute la terre (p. 235)
Jésus demanda un jour à quelques théologiens, visiblement ravis d’avoir trouvé une réponse : Et vous, qui dites-vous que je suis ?
– Ils répondirent avec ferveur :
Tu es l’incarnation eschatologique du Verbe,
la convergence incarnée de la promesse divine et de l’ontologie relationnelle,
le kérygme vivant dans l’économie trinitaire du salut,
le médiateur de la justification extra nos,
accomplissant la loi et révélant l’Évangile en ta personne.
Jésus les regarda longuement, soupira doucement, puis dit :
Ma mère aurait simplement dit : « mon fils ».
Voilà tous les risques de faire de la théologie :
À force de creuser les questions et de chercher des réponses pertinentes, nous risquons de nous perdre, de passer à côté de l’essentiel, et de nous cacher derrière des expressions savantes et des idées complexes.
Marie, qui est-ce ?
Dans cette blague, Jésus voit en Marie tout simplement sa mère.
Marie = mère de Jésus. Point. Est-ce que cela nous suffit ?
J’avoue que dans notre pratique protestante, nous nous arrêtons souvent là.
Cela nous suffit. Rien ne nous manque.
La mère reste dans l’ombre de son fils, lui, au centre de notre foi, lui, qui attire toute notre attention.
Marie,
En parcourant les évangiles sur les pas de Jésus, nous nous rendons compte que les évangélistes lui accordent bien plus d’attention et de respect que la simple mention : « elle a mis au monde un enfant nommé Jésus » et qu’elle a accompli, avec son mari, les devoirs parentaux.
Et plus encore : à travers l’histoire de l’Église, les projecteurs se sont peu à peu tournés vers elle.
Des traditions et des conclusions ont émergé – parfois étonnantes pour nous, protestants – mais cela peut être une invitation à ne pas détourner trop vite le regard.
Peut-être est-ce une chance de regarder de plus près ce que d’autres ont vu, et que nous n’étions pas prêts ou capables de voir.
Nous mettons de temps en temps aussi des lectures de poèmes qui nous donnent des images de Marie telle qu’elle est vue et comprise dans la piété à travers le temps.
Comme ici de Pierre Corneille , qui compare Eve et Marie
Pierre Corneille / Eve et Marie
Homme, qui que tu sois, regarde Eve et Marie,
Et comparant ta mère à celle du Sauveur,
Vois laquelle des deux en est le plus chérie,
Et du Père Eternel gagne mieux la faveur.
L’une a toute sa race au démon asservie,
L’autre rompt l’esclavage où furent ses aïeux
Par l’une vient la mort et par l’autre la vie,
L’une ouvre les enfers et l’autre ouvre les cieux.
Cette Ève cependant qui nous engage aux flammes
Au point qu’elle est bornée est sans corruption
Et la Vierge » bénie entre toutes les femmes «
Serait-elle moins pure en sa conception ?
Non, non, n’en croyez rien, et tous tant que nous sommes
Publions le contraire à toute heure, en tout lieu :
Ce que Dieu donne bien à la mère des hommes,
Ne le refusons pas à la Mère de Dieu.
DEBOUT Cantique 32/16, 1.2.3. d’un arbre séculaire (p. 364)
II. Faisons un petit tour des textes bibliques
La première fois qu’un auteur biblique parle de Marie, c’est l’apôtre Paul, dans
Véronique Galates 4,4 : « Mais quand le moment fixé est arrivé, Dieu a envoyé son Fils : né d’une femme, il a vécu sous la Loi, afin de délivrer ceux qui étaient soumis à la Loi, et de nous permettre ainsi de devenir enfants adoptifs de Dieu. »
C’est une confession de foi très condensée :
Jésus est un humain, né d’une femme, juif, et sa mission est de faire comprendre aux païens qu’eux aussi peuvent devenir enfants de Dieu.
Marie, dans ce passage, est garante de deux éléments fondamentaux dans la compréhension de Jésus :
– Elle atteste de son humanité (il est né d’une femme)
– Elle garantit son enracinement dans le judaïsme (puisque l’identité juive est transmise par la mère).
Ce qui compte véritablement pour Paul, c’est que nous devenions enfants adoptifs de Dieu — mais, de manière implicite, c’est peut-être aussi vrai pour Jésus : en tant que membre du peuple élu, il ouvre à tous l’accès au même Dieu.
Paul est encore loin des débats des premiers siècles sur la divinité de Jésus.
Dans les évangiles, Jésus lui-même semble interroger une autre priorité :
Qu’est-ce qui compte le plus : la famille biologique ou la famille adoptive ?
Véronique Matthieu 12.46-50 ; Luc 8.19-21
« La mère et les frères de Jésus arrivent ; restant dehors, ils envoient quelqu’un pour l’appeler.
Une foule était assise autour de lui, et on lui dit : “Ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors et te cherchent.”
Il répondit : “Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?”
Il regarda les gens assis autour de lui et dit : “Voici ma mère et mes frères !
Car celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère.” »
Ce n’est pas simplement un manque de respect envers sa famille.
Jésus annonce ici un changement de paradigme :
Désormais, l’appartenance religieuse ne dépend plus d’une filiation biologique, mais d’un choix personnel et d’une relation spirituelle avec Dieu.
Jésus commence à fonder une nouvelle famille, une famille adoptive.
Sa propre famille se retrouve alors devant un choix :
– rester dans le lien purement biologique,
– ou rejoindre cette nouvelle famille fondée sur la foi.
Mais cette naissance dans une famille humaine devient parfois un obstacle à la foi :
Véronique Marc 6 (voir aussi Matthieu 13.53-58 ; Luc 4.16-30)
« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? » Cela les empêchait de croire en lui. »
D’autres auteurs, comme Matthieu et Luc, suggèrent quant à eux que la naissance de Jésus est déjà un signe de son caractère exceptionnel :
Véronique Matthieu 1
« Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; mais avant d’habiter ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit Saint. […]
L’ange dit à Joseph : “Ne crains pas de prendre Marie chez toi, car l’enfant qu’elle porte vient de l’Esprit Saint.” […]
Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
‘La vierge sera enceinte et mettra au monde un fils, et on l’appellera Emmanuel’ (Dieu avec nous). »
Action du Saint-Esprit ou pas ?
Cette question a traversé toute l’histoire chrétienne.
Dans le Nouveau Testament, seuls Luc et Matthieu évoquent explicitement une conception virginale.
Paul parle simplement d’une femme,
Marc et Jean n’abordent pas la question — du moins pas sous cet angle.
Encore récemment (en 2019), le bibliste suisse Daniel Marguerat est revenu sur cette question, notamment sur l’hypothèse de Jésus « le bâtard ».
Des textes apocryphes, et même certains passages du Talmud, évoquent Jésus comme un enfant né hors mariage.
Ces récits rejoignent, en un sens, Matthieu et Luc — mais leur interprétation diverge.
Par exemple, une tradition mentionne qu’il aurait été le fils d’un soldat romain, un certain Pantera.
Le Talmud fait parfois référence à Jésus comme « ben Pantera » (fils de Pantera).
Mais rien n’est prouvé : Pantera pourrait aussi être un surnom courant, ou même un deuxième prénom romain pour Joseph.
Fait intéressant : certains exégètes ont noté la ressemblance entre Pantera et le grec parthenos (παρθένος), qui signifie vierge.
Une confusion de transcription ? Une erreur d’interprétation ? Le mystère reste entier.
Dans la patristique, la foi en la virginité de Marie s’est progressivement transformée en doctrine (dogme), avec deux variantes :
Ce deuxième point de vue ne devient un enjeu dogmatique qu’à partir du VIe siècle.
(Cela semble contredit par les évangiles, qui parlent de frères et sœurs de Jésus…)
Dans son Dialogue avec le Juif Tryphon (vers 155-160), Justin Martyr est le premier à défendre la naissance virginale contre l’opposition juive.
Il cite Isaïe 7,14 et appuie son interprétation sur la Septante, qui traduit alma (jeune fille) par parthenos (vierge), contrairement au texte hébreu original.
Pour Justin, cette naissance surnaturelle permettrait d’abattre le péché originel (Genèse 3) :
Jésus devient ainsi l’anti-type d’Adam, et Marie l’anti-type d’Ève.
La virginité devient alors une garantie de l’œuvre salvatrice.
Le Concile de Chalcédoine (451) confirme le titre de Theotokos (Mère de Dieu) :
« Avant tous les temps, il a été engendré du Père selon sa divinité, mais dans les derniers jours, il est né, pour nous et pour notre salut, de Marie, la Vierge, Mère de Dieu, selon l’humanité. »
Les réformateurs ne contredisent pas cette affirmation.
Les Articles de Schmalkalde (1537) renforcent le Symbole des Apôtres :
« Le Fils de Dieu a été conçu par le Saint-Esprit, sans intervention d’un homme, et porté par la pure, sainte et toujours vierge Marie. »
La Formule de Concorde (1577) affirme :
« Le Fils de Dieu a manifesté sa majesté divine dans le ventre de sa mère, en naissant d’une vierge, sans préjudice de sa virginité ; c’est pourquoi elle est véritablement Mère de Dieu, tout en restant vierge. »
Le théologien protestant Karl Barth (XXe siècle) souligne que ce n’est pas le miracle en lui-même qui pose problème —
« Tout est possible à Dieu. »
Le vrai enjeu, dit-il, est ce qu’on fait de cette croyance :
la divinisation et la vénération de Marie, qui peuvent déborder la foi centrée sur le Christ.
Enfin, en 1546, le Concile de Trente a réaffirmé la virginité perpétuelle de Marie,
et en 1854, le pape Pie IX a proclamé le dogme de l’Immaculée Conception.
Un débat qui ne cesse de faire parler :
En 1987, l’Église catholique a retiré à Uta Ranke-Heinemann son autorisation d’enseigner, après qu’elle a publiquement déclaré ne pas croire à la naissance virginale de Jésus.
Dans son ouvrage Non und Amen (1992), elle critique cette théologie comme une forme de « schizophrénie théologique » :
Les catholiques doivent affirmer que Jésus est fils de David, mais ne peuvent dire qu’il est fils de Joseph – alors que seul Joseph peut faire de lui, légalement, un descendant de David…
Et si Marie et la vénération de Marie serait un besoin humain de pouvoir se confier à un vis à vis féminin et à l’écoute ?
Le besoin de voir en Marie celle qui écoute nous dit certainement quelque chose sur un image de Dieu, père, masculin, dur, établi à travers l’histoire chrétienne, une image erronée car loin des multi facettes biblique qui lui donnent tout à fait des attributs féminins.
Puis que Dieu est devenu dans sa représentation trop loin et trop sévère, il fallait cet élément plus proche des humains qui s’installe comme lien accessible, Marie. Celle qui est une de nous et pourtant en contact direct avec le au delà … pas ma conviction mais c’est ainsi que vois le succès le Marie comme ici dans le poème de Charles Peguy:
Il y a des jours dans l’existence où on sent qu’on ne peut plus se contenter des saints patrons…
Alors il faut prendre son courage à deux mains.
Et s’adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Être hardi. Une fois. S’adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu’aussi elle est infiniment bonne.
A celle qui intercède.
La seule qui puisse parler avec l’autorité d’une mère.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu’aussi elle est infiniment douce.
A celle qui est infiniment noble.
Parce qu’aussi elle est infiniment courtoise. Infiniment accueillante.
Accueillante comme le prêtre qui au seuil de l’église va au-devant du nouveau-né jusqu’au seuil.
Au jour de son baptême.
Pour l’introduire dans la maison de Dieu.
A celle qui est infiniment riche
Parce qu’aussi elle est infiniment pauvre.
A celle qui est infiniment haute
Parce qu’aussi elle est infiniment descendante.
A celle qui est infiniment grande
Parce qu’aussi elle est infiniment petite.
Infiniment humble
Une jeune mère.
A celle qui est infiniment jeune
Parce qu’aussi elle est infiniment mère.
A celle qui est infiniment droite
Parce qu’aussi elle est infiniment penchée.
A celle qui est infiniment joyeuse
Parce qu’aussi elle est infiniment douloureuse.
Septante et sept fois septante douloureuse.
A celle qui est infiniment touchante
Parce qu’aussi elle est infiniment touchée.
A celle qui est toute Grandeur et toute Foi
Parce qu’aussi elle est toute Charité.
A celle qui est toute Foi et toute Charité
Parce qu’aussi elle est toute Espérance.
Prions
Dieu, père, mère, qui es-tu ?
Qu’avons-nous fait de toi ?
Un Dieu loin de tout, enlevé, trônant au-dessus de tout.
Avons-nous oublié à quel point tu veux être proche de nous ?
sans distinction,
Femmes, hommes, jeunes et vieux, tu te soucies de nous, mais nous ne pouvons pas l’imaginer, nous l’oublions, nous nous dérobons et cherchons de l’aide ailleurs … pardonne notre manque de foi et aide-nous à voir combien tu peux être varié pour nous et combien tu peux être proche. Amen
Elle était là debout, la mère douloureuse.
L’obscurité farouche, aveugle, sourde, affreuse,
Pleurait de toutes parts autour du Golgotha.
Christ, le jour devint noir quand on vous en ôta.
Et votre dernier souffle emporta la lumière.
Elle était là debout près du gibet, la mère ! […]
Et la mère, qui râle au bas de la croix sombre,
Est consolée, ayant les soleils dans son ombre,
Et tandis que ses yeux hagards pleurent du sang,
Elle sent une joie immense en se disant :
– Mon fils est Dieu ! Mon fils sauve la vie au monde !
III. Marie, la mère mais aussi disciple et témoin qui suit Jésus dès son premier à son dernier cri. Revenons vers les sources bibliques et continuons notre lecture. Voyons son message.
Et si Marie participait à l’oeuvre salutaire non par miracle et de manière passive mais en annonçant , prêchant en paroles et en actes ce qui Dieu est capable de faire ? Même avant la naissance déjà elle offre une parole prophétique. Elle donne une clé de lecture pour tout ce qui se passera ensuite à travers l’oeuvre de Dieu en JC.
Véronique Luc 1, Le cantique de Marie
46Marie dit alors :
« De tout mon être je dirai la grandeur du Seigneur,
47mon cœur déborde de joie à cause de Dieu, mon sauveur !
48Car il a porté son regard sur l’abaissement de sa servante.
Oui, dès maintenant et en tous les temps, les humains me diront bienheureuse,
49car celui qui est puissant a fait pour moi des choses magnifiques.
Il est le Dieu saint, 50il est plein de bonté de génération en génération
pour ceux qui reconnaissent son autorité.
51Il a montré son pouvoir en déployant sa force :
il a mis en déroute ceux qui ont le cœur orgueilleux,
52il a renversé les puissants de leurs trônes
et il a élevé les humiliés au premier rang.
53Il a comblé de biens ceux qui avaient faim,
et il a renvoyé les riches les mains vides.
54Il est venu en aide à Israël, le peuple qui le sert :
il n’a pas oublié de manifester sa bonté
55envers Abraham et ses descendants, pour toujours,
comme il l’avait promis à nos ancêtres. »
Un texte plein de puissance, dans la tradition des psaumes.
Toute la confiance est mise en Dieu, qui est plus puissant que tous et prend soin de celles et ceux qui sont en difficulté.
Marie livre ici une véritable confession de foi. Elle témoigne de sa vision de Dieu.
Ce n’est pas elle qui est au centre, mais bien Dieu à l’œuvre dans ce monde — y compris à travers une femme comme elle.
C’est ici la porte d’entrée pour comprendre la vision protestante de Marie :
Lorsque Martin Luther écrit son commentaire sur le Magnificat, il est en plein tumulte de la Réforme. En 1521, il se cache au château de la Wartburg, près d’Eisenach, sous le nom de « Monsieur le chevalier Georges ». Georges, comme le combattant du dragon. Luther est en danger après avoir affirmé haut et fort ses convictions à la Diète de Worms. Les puissants de ce monde — Charles Quint et le pape — sont furieux contre lui et cherchent à le faire taire. Il survit, pour l’instant, grâce à la protection du prince électeur Frédéric le Sage, qui le met à l’abri.
Le chant de Marie devient aussi le sien, celui de Luther :
49 Car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.
Saint est son nom ;
50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras ;
il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
52 Il a renversé les puissants de leurs trônes,
et élevé les humbles.
Dans son commentaire, la foi de Marie devient pour Luther l’archétype de la foi véritable, celle des hommes et des femmes de la Bible, mais aussi de celles et ceux qui aujourd’hui entendent encore son chant. Marie se fait entendre parce qu’elle place la foi au cœur de l’existence : elle exprime une expérience de vie transformante.
Luther dégage dans le Magnificat au moins quatre idées principales qu’il développe :
Face à ses contemporains, Luther se méfie d’une exaltation excessive de Marie, et s’oppose à l’idée de la placer sur un piédestal de mérite. Il écrit :
« Elle entend avec déplaisir les bavards oiseux qui prêchent et écrivent beaucoup sur son mérite, croyant montrer ainsi leur grande habileté, mais sans voir qu’ils étouffent le Magnificat, accusent de mensonge la mère de Dieu, et diminuent la grâce divine. Car autant on attribue de mérite à Marie, autant on lèse la grâce divine et on affaiblit la vérité du Magnificat. (…)
Tous ceux qui la couvrent d’éloges et d’honneurs, en lui attribuant tout, ne sont pas loin d’en faire une idole, comme si elle désirait être honorée et qu’on attendît d’elle quelque bien, alors qu’elle refuse cela et veut que Dieu soit loué à travers elle, et que chacun soit conduit à mettre sa confiance en la grâce de Dieu. »
De la même manière, le réformateur francophone Jean Calvin, dans L’Harmonie évangélique (tome 1, pp. 51–52), souligne que Marie est celle qui a tout reçu sans l’avoir mérité. Elle est un exemple de croyante comme vous et moi :
« (Marie) expose comment son cœur a une joie fondée en Dieu, dans la mesure où il l’a regardée dans sa bonté gratuite. En se qualifiant de “petite”, elle se reconnaît dénuée de tout mérite, et rapporte ainsi la louange de tout son bien à la seule bonté de Dieu.
Elle affirme que d’âge en âge on se souviendra d’un tel bienfait divin. Et s’il est si excellent qu’on en parle parmi tous les peuples, il ne serait pas juste que Marie, qui en a bénéficié, le taise.
Mais remarquons que Marie ne se dit bienheureuse que par rapport à ce qu’elle a reçu de Dieu et qu’elle attribue entièrement à sa grâce. On me tiendra, dit-elle, pour bienheureuse d’âge en âge. Est-ce qu’elle s’est acquis cette louange par sa propre vertu ou son mérite ? Bien au contraire : elle n’en donne pour raison que ce que Dieu lui a fait. »
Revenons à l’évangéliste Luc.
Il ne s’intéresse pas tant à Marie en tant que mère, mais plutôt comme témoin, croyante, apôtre… et c’est ainsi qu’il la montre jusqu’au bout. Voici la dernière mention qu’il en fait, cette fois dans les Actes des Apôtres :
Véronique Actes 1
12 Les apôtres retournèrent à Jérusalem depuis la colline appelée mont des Oliviers, située à environ une demi-heure de marche de la ville.
13 Arrivés à Jérusalem, ils montèrent dans la chambre haute où ils avaient l’habitude de se réunir : Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélemy, Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélé et Jude fils de Jacques.
14 Tous ensemble, ils se réunissaient régulièrement pour prier, avec quelques femmes, dont Marie, la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus.
Marie, croyante, disciple, ici membre fondatrice de la première Église, en communion avec les autres.
Une parmi d’autres — mais pas n’importe laquelle.
Marie, une mère. Une mère qui croit et qui donne le courage à d’autres de croire.
Une mère qui devient soeur, soeur dans la foi, soeur dans la communauté des frères et soeurs de la première communauté jusqu’à nous.
Un dernière Poème , en chanson :
Poème Georges Brassens. / Je vous salue Marie
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre
Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s’ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue, Marie
Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre
Par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l’humiliation de l’innocent châtié
Par la vierge vendue qu’on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue, Marie
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S’écrie « mon Dieu ! » par le malheureux dont les bras
Ne purent s’appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne
Je vous salue, Marie
Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l’on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins
Je vous salue, Marie
Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid
Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée
Par le baiser perdu par l’amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie
Je vous salue, Marie
Temps de discussion en groupe :
DEBOUT DIRE NOTRE FOI. En chantant :
DEBOUT CANTIQUE 2 14/03, 1-8 Magnifique est le Seigneur (212)
PRIERE D’INTERCESSION (« Brassens protestant »)
Pour les enfants qui meurent
Tandis que le monde regarde ailleurs et passe à autre chose
Pour la colombe de paix qui saigne touchées par milles balles et roquettes,
Pour la soif et faim qui règnent dans ce monde où ailleurs on crève du trop.
Nous te prions notre Dieu et nous te demandons ton aide.
Pour les enfants maltraités,
Pour les toxicomanes sans aide,
Pour les animaux muets en souffrance car personne ne les veut entendre,
Pour tout personne humiliée et l’innocent châtiée,
Nous te prions notre Dieu et nous te demandons ton aide.
Pour celles et ceux qui trébuchent sous leur fardeau,
Pour celles et ceux qui n’ont personne pour s’appuyer.
Pour celles et ceux qui cherchent de l’aide et n’en trouvent pas.
Pour celles et ceux qui tendent la main,
qui proposent de l’écoute et d’accompagnement et
se voient si souvent dépassés par la misère,
Tentés de trébucher sous leur mission.
Nous te prions notre Dieu et nous te demandons ton aide.
Pour les habitants de la terre,
À multiples visages,
Qui cherchent de la paix,
Qui cherchent guérison et espérance d’un lendemain,
Qui cherchent à être aimé et une personne à aimer,
Nous te prions notre Dieu et nous te demandons ton aide.
Ensemble nous te prions
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous ne laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
aux siècles des siècles. Amen.
ENVOI et BÉNÉDICTION
La bénédiction du Dieu de Sarah et d’Abraham,
la bénédiction du Fils né de Marie,
la bénédiction du Saint-Esprit
qui veille sur nous
comme une mère sur ses enfants,
soit avec nous tous.
Chorale : Amazing Grace