Les portes étaient fermées, mais Jésus vint

prédication sur Jean 21 à Pentecôte 2025

PRIERE AVANT LES LECTURES

Souffle, Saint esprit, souffle,

Viens vers nous malgré les portes fermées de nos coeurs et de nos esprits,

Souffle et enlèves nous ce qui encombre nos esprits,

Souffle et inspires nous à travers l’écoute une parole pour aujourd’hui.

Amen

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Jean 20, 19 – 23

19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par

crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 20 Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie.

21Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous.

Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. »

22Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; 23ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

 

 

« Les portes étaient verrouillées par crainte », écrit Jean.
Le point de départ, ce sont des gens enfermés à cause de leurs craintes,
Des gens seuls avec leurs peurs.
La crainte des disciples est bien concrète et justifiée.
Un d’entre eux, Jésus, fut emprisonné et exécuté de manière cruelle.
Qui sera le prochain à vivre le même martyre ?
Vont-ils échapper aux menaces qui rôdent ?

Nous avons travaillé ce texte tout au long du week-end que nous avons passé avec les catéchumènes du consistoire, en avril.
Dans un des ateliers, un carton symbolisait la maison où les disciples s’étaient enfermés et mis à l’abri.
Et les jeunes écrivaient, au fur et à mesure, les craintes et peurs possibles de notre époque sur le toit et les murs de la maison.

Quelles sont les craintes qui nous menacent ?

On pouvait y lire :

  • guerre
  • maladie
  • pandémie
  • terrorisme
  • mort / perte d’un proche
  • harcèlement

… mais aussi, à plusieurs reprises :

  • l’incertitude devant l’avenir
  • Quel parcours de formation choisir ?
  • Vais-je être à la hauteur ?
  • la pression de ne pas faire d’erreurs, la crainte d’échouer

Il y a des craintes qui viennent de l’extérieur,
Des dangers que nous subissons,
Comme une maladie ou la perte d’un proche.

Mais il y a aussi ces peurs qui montent du fond de nous, liées à nous-mêmes :

  • Suis-je à la hauteur ?
  • Quels sont les bons choix à faire ?
  • Vais-je regretter ce que je décide aujourd’hui ?

L’un comme l’autre peut avoir pour conséquence de nous enfermer…
Se mettre à l’abri est une chose,
Trouver des lieux de ressources,
De calme, d’apaisement, c’est bien…
Mais parfois, l’enfermement tourne au cauchemar :
Éviter tout ce qui semble être une menace,
Fuir le contact avec les autres, au prix de la solitude.
Fuir dans un monde imaginaire, des jeux vidéo, des films, des clips où tout semble possible et bon.
Fuir à l’aide de substituts qui calment nos émotions : alcool, médicaments, drogues.

Et Jean nous donne une bonne nouvelle :
Dans nos peurs et dans nos enfermements, qu’ils soient raisonnables ou dangereux, Jésus peut nous rejoindre, rien ne le retient.

… Et Jésus vient, se tient au milieu d’eux et dit :
« La paix soit avec vous. »

Deux fois, il dit : « La paix soit avec vous. »
C’est ainsi que commence la description de la Pentecôte selon Jean.
Tout change ici quand Jésus se révèle proche d’eux.
Ils ne sont plus seuls, ni abandonnés à leurs peurs.
Le miracle de Pâques, c’était de rouler la pierre et de ne plus être enfermé dans la mort.
Le miracle de Pentecôte en est la conséquence logique :
Le Ressuscité passe à travers nos portes fermées,
Nos pierres roulées sur nos chemins,
Nos enfermements de toutes sortes.
Il se tient à la porte et il entre,
Même sans attendre notre permission.
Il se tient proche de nous pour nous permettre les libérations dont nous avons besoin quotidiennement.

Pentecôte, c’est la promesse que la force de la Résurrection nous est déjà donnée de notre vivant.
Pas besoin d’attendre la mort pour ressusciter ;
Il y a tellement de choses qui nous paralysent et nous enferment dans nos vies,
Tellement de menaces qui nous impressionnent,
Tellement d’obstacles à une vie épanouie.

Jésus promet la paix, annonce la paix, incarne lui-même la paix.
Il est témoin d’un Dieu plus fort que la mort,
Plus fort que la haine des autres,
Plus fort que nos doutes.
En montrant ses mains et son côté, marqués par la violence subie,
Il ne nie en rien les menaces de ce monde.
Il y a bel et bien de bonnes raisons d’avoir peur.
Il y a de bonnes raisons de se mettre à l’abri des dangers.
Et tout de même, ces bonnes raisons d’avoir peur ne doivent pas nous ronger,
Ni prendre le contrôle total sur nous,
Ni nous paralyser,
Ni nous pousser à poser des gestes que nous regretterons plus tard.
Ces peurs, aussi justifiées soient-elles, sont portées, encadrées, limitées par cette promesse :

Je suis avec vous. Respirez, prenez le souffle que je vous donne.
Sentez la paix que je partage avec vous.
Sentez la force que je vous donne pour affronter les menaces et les vaincre.

« Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ;
ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

Pentecôte, ce sont ces libérations qui nous aident à faire ce qu’il faut pour ne plus simplement subir, mais agir,
Retrouver l’estime de soi,
Retrouver la force et l’envie de sortir et de rencontrer d’autres,
Oser la vie tout en sachant qu’il y a des risques.

Les risques sont toujours là :

  • Le risque d’échouer ou de faire des erreurs
  • Le risque d’être déçu
  • Le risque de perdre
  • Le risque de la maladie, etc.

Mais les opportunités et les plaisirs nous attendent aussi :

  • Le plaisir d’aimer et de se découvrir aimé
  • Le plaisir de s’engager et de s’épanouir
  • Le plaisir de rencontrer tant d’autres personnes…

Pentecôte, c’est cet élan retrouvé pour s’entraider à rendre un autre monde possible.

Lors de notre week-end avec les jeunes, nous avons eu différentes animations autour du thème « être artisans de paix ».
Car Jésus arrive pour annoncer la paix, mais à la fin, il les envoie pour qu’ils deviennent à leur tour des acteurs de paix.
Nous avons invité des témoins, des personnes qui travaillent dans la médiation, dans l’artisanat de la sortie du conflit.
Et nos invités nous rappelaient qu’un artisan a besoin de temps, de patience et d’efforts pour y arriver.
Le pâtissier ne réussit son gâteau qu’après de nombreux échecs et tentatives.
Le plombier a besoin qu’on lui explique bien avant de réussir lui-même. Etc.
Nous, comme artisans de paix, ne sommes pas des magiciens :
Nous sommes des gens qui ont besoin d’apprendre et d’essayer.
C’est un effort de tous les jours.
À l’école, dans nos familles, dans notre quotidien.

Lors du week-end, les jeunes étaient confrontés à différentes situations de conflit,
Comme par exemple le débat avec les parents sur la possibilité de sortir un peu plus tard avec des copains.
Ils devaient se mettre à la place des différents points de vue dans cette histoire :
Les parents, le jeune, les copains… etc.
Et puis essayer de comprendre et de proposer des pistes.

Un artisan a besoin de temps,
Et peut s’essouffler sous la tâche,
Mais l’Esprit donne le souffle et la force pour tenir bon.

Chers amis,
Pentecôte selon Jean,
C’est cette promesse et cette bonne nouvelle :

Quelle que soit ta peur,
Le Ressuscité peut te rejoindre et te souffler un encouragement,
Et la force pour embrasser la vie et la prendre à pleines mains,
Pour toi et pour les autres autour de toi.

Le passe-partout au nom de Dieu se glisse dans nos vies pour nous libérer de nos craintes paralysantes,
Et pour nous mettre en route les uns vers les autres,
Pour nous faire sortir de nos impasses,
Et avancer avec une confiance retrouvée.

Que l’Esprit souffle et qu’il nous vivifie. Amen.

 

 

Christina Weinhold , 8 juin 2025

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