le culte pour les curieux 2024

le culte pour les curieux 2024

 

Musique et recueillement

Paroles d’accueil 

Que la grâce et la paix soient avec vous tous.

Aujourd’hui c’est un culte dit « pour les curieux », ou alors le culte expliqué. C’est-à-dire que nous allons vivre un temps de célébration comme d’habitude, mais de temps en temps, on aura des moments d’introduction aux temps liturgiques qui vont suivre.

Du nouveau pour les uns, et de la révision pour les autres.

La Liturgie c’est tout simplement un déroulement type pour une célébration, qui veut donner un ordre, un cadre dans lequel il peut se passer pleines de choses.

Dans les églises protestantes, ce déroulement n’est pas ordonné et il appartient à la personne qui préside le culte de trouver et choisir des textes, prières et chants.

Malgré cette grande liberté, il y a quand même des ordres traditionnels qui sont choisis pour des raisons théologiques. Et c’est cela que nous voulons expliquer un peu plus ici :

 

Introduction Liturgie 1: Proclamation de la grâce et louange 

Quelques mots donc sur ce 1^er temps liturgique par lequel nous commençons le culte : nous entendons la proclamation de la grâce et répondons par la louange.

En effet, l’Esprit du Seigneur nous a invités à venir au temple et nous voici rassemblés. C’est toujours Dieu qui fait le premier pas vers nous ; et nous avons saisi son invitation.

Nous sommes ici, car « c’est le Seigneur qui nous unit », comme indiqué dans le premier chant annoncé dans le livret de liturgie.

Suite à cette invitation et accueil de sa part, notre réaction est alors de dire « Merci ».

C’est le rôle de la prière de Louange.

Alors, tous  ensemble à nouveau, nous pouvons le louer par un chant qui rassemble tous ceux qui ont répondu à son invitation et nous dispose à une écoute attentive de la suite. C’est souvent un psaume.

Nous avons 151 psaumes dans la Bible. Au fil du temps, nous avons perdu les mélodies, mais à leur époque on les chantait. Lors de la Réforme au 16ème siècle, des compositeurs ont tenté de leur donner des nouvelles partitions. Et depuis d’autres versions ont suivi. C’est notre façon de transposer un héritage ancien (les psaumes datant d’il y a au moins 2500 ans) à notre époque. Nous nous y retrouvons encore aujourd’hui grâce à leur langage  existentiel et universel.

 

et Invocation

Frères et sœurs,
nous ouvrons nos oreilles à la parole de Dieu,
nos cœurs s’émeuvent de sa présence auprès de nous,
nos yeux s’ouvrent et reconnaissent la beauté du chemin qu’il éclaire devant nous,

et nos bouches chantent la joie qu’il y a à être ses enfants,

recevant de lui dès maintenant la grâce, la liberté et la paix.

• Spontané :  22/01 Oh Dieu tu es fidèle

Prière de Louange

64/ 37  Psaume 103  page 1084

Je veux dire merci au Seigneur

Cantique 1 : 118, 1.2..3.6.  Célébrez Dieu (p. 136)

 

 

 

Introduction Liturgie 2: volonté de Dieu, prière de repentance, déclaration du pardon           

Qui peut connaître la volonté de Dieu ?

Nous tentons de la comprendre en nous mettant à l’écoute des commandements ou d’autres textes bibliques qui nous exhortent. C’est en quelque sorte l’indication du chemin à suivre.

Toute la question est dans l’interprétation que chacun fera de la Loi ainsi énoncée, mais en principe elle doit être claire.

Il faut d’abord préciser que dans la liturgie protestante, il n’y a pas d’ordre sacramentel ou gravé dans le marbre.

Selon les sensibilités, l’ordre pourrait être inversé et la déclaration de pardon placée en premier.

C’est le cas dans la liturgie réformée : C’est parce qu’on a entendu le pardon qu’on peut se confesser et ensuite s’engager à agir. L’ordre serait dont : promesse de la grâce – confession de nos insuffisances – engagement à agir malgré nos limites.

Dans la liturgie plutôt luthérienne, comme ici à Levallois, c’est l’écoute de la loi / de la volonté de Dieu qui nous met devant nos limites et nous conduit vers la repentance. C’est l’annonce du Pardon à la fin qui nous permet de nous lever, rassurés par la grâce.

L’ordre est donc : écouter ce que Dieu veut pour nous – évaluer ce qui nous éloigne de ce projet de Dieu – se relever pardonnés.

Un mot sur la repentance , un « gros mot ».

La repentance  n’est pas une confession des péchés mais du péché : laquelle  n’a pas  d’intérêt pour Dieu à qui on s’adresse,

Nous faisons face à nos limites dans notre capacité à suivre la volonté de Dieu.

 La repentance  est surtout un engagement au changement, une conversion.  S’il n’y a pas volonté de changement, il ne reste que de bonnes intentions sans suite.

C’est un des points cruciaux de la réforme, LUTHER dénonçant les abus relatifs au sacrement de pénitence. Puisque la grâce nous précède et que le pardon n’appartient qu’à Dieu, nous n’avons pas besoin d’accumuler les bonnes œuvres, ni d’essayer de réparer nos fautes.

Ainsi, la repentance ou conversion est ouverture vers l’autre (plutôt que repli sur soi) car la relation à Dieu passe par la relation à l’autre. Dieu nous veut debout et en action, plutôt qu’ à genou et suppliant.

Cela nous conduit donc à envisager le Pardon, non  comme une sorte d’amnistie ponctuelle et plus ou moins durable (puisque rappelé à chaque culte) mais comme une re-création,  une transformation de l’existence. C’est Dieu qui rétablit le lien, la crise est dépassée. Par cet acte gratuit Dieu, nous délivre du poids du passé et de l’angoisse du futur en nous libérant de toute dette.

 

 

 

Volonté de Dieu

Matthieu 6,

5« Quand vous priez, ne faites pas comme les hommes faux. Ils aiment prier debout, dans les maisons de prière et au coin des rues, pour que tout le monde les voie. Je vous le dis, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. 6Mais toi, quand tu veux prier, va dans la pièce la plus cachée de la maison. Ferme la porte et prie ton Père qui est là, même dans cet endroit secret. Ton Père voit ce que tu fais en secret et il te récompensera.

7« Quand vous priez, ne parlez pas sans arrêt, comme ceux qui ne connaissent pas Dieu. Ils croient que Dieu va les écouter parce qu’ils parlent beaucoup. 8Ne faites pas comme eux. En effet, votre Père sait ce qu’il vous faut, avant que vous le demandiez. »

• Spontané :  22/03 Aux lois de Dieu, prêtons l’oreille

Prière de Repentance

Seigneur

la prière est une invitation de ta part, de parler avec toi.

Tu n’es pas un Dieu qui demandes des holocaustes.

Tu n’es pas un Dieu qui demandes des jeûnes.

Tu n’es pas un Dieu qui demande d’aller vers des lieux saints.

Tu es un Dieu qui nous invite, en tout simplicité, à nous adresser à toi.

Seigneur, pardonne-nous, si nous manquons si souvent cette occasion,

Pardonne-nous quand nous cherchons des excuses pourquoi prier ce ne serait pas pour nous,

pardonne nous quand nous réfléchissons trop à  ce que veut dire « prier » au lieu de nous lancer là-dedans.  Amen

• Spontané :  86A  A mon cri prête l’oreille

 

 

Annonce du Pardon

Aux disciples qui ne savaient pas comment prier

Jésus leur rappelait et il les encourageait à s’adresser à Dieu comme on s’adresse à son père bien aimé.

Voilà une grâce qui nous est offerte.

Notre prière ne peut pas être juste ou fausse,

si uniquement nous osons nous adresser à Dieu dans la simplicité d’un enfant qui  s’adresse à ses parents.  Amen

Chantons notre reconnaissance:

• Spontané :  67B Seigneur, accorde-nous ta grâce

 

Introduction Liturgie 3 :  Prière d’illumination, lectures bibliques, prédication :

Il faut tout d’abord préciser que pour les lectures, nous suivons généralement le même ordre que la liturgie catholique, mais sans aucune obligation, puisque le prédicateur reste libre de son choix.

La prière d’illumination doit nous mettre dans les dispositions d’écouter et de recevoir la lecture des textes puis la prédication. C’est ce qui est demandé à l’Esprit. Nous allons à la rencontre de la Parole.

N’oublions pas que pour les Protestants le « sola scriptura » est un des fondements de la Réforme ce qui veut dire que  l’Écriture seule a autorité (plus importante que les sacrements) et non d’autres textes de la tradition de l’église ou un enseignement de l’église (un dogme).

La prédication reste au cœur du culte (même si nous ne sommes plus à l’époque où certains paroissiens ne venaient que pour la prédication) mais elle n’en est qu’une partie et elle n’a pas autorité. La méditation sur les textes bibliques est un témoignage et non l’enseignement d’une vérité. Elle veut inviter chacun et chacune à réfléchir sur ce texte biblique ou thème. C’est alors une conviction qui peut se discuter ; par exemple à la fin du culte …

 

 

Prière d’illumination

Avant d’ouvrir la Bible, prions Dieu, avec le Psaume 119 beth:

Seigneur, je te cherche de tout mon cœur : garde-moi de fuir ta volonté  !

Dans mon cœur je conserve tes promesses, pour ne pas faillir envers toi.

Toi, Seigneur, tu es béni: apprends-moi ta Parole!

Je fais repasser sur mes lèvres chaque décision de ta bouche.

Je trouve dans la voie de tes exigences plus de joie que dans tous les trésors.

Je veux méditer ta Parole et contempler de mes yeux tes sentiers.

Je trouve en tes commandements mon plaisir, je n’oublie pas ta parole. Amen.

 

Lectures bibliques

Amos 5, 12-15.21-24

12 Car, je le sais, vos transgressions sont multitude,

vos péchés sont nombreux ;

vous opprimez le juste, vous acceptez des pots-de-vin

et à la porte de la ville vous écartez les pauvres.

13Voilà pourquoi, en des temps comme ceux-ci, l’homme de bon sens se tait,

car ces temps sont mauvais.

14Ne cherchez pas ce qui est mauvais, mais ce qui est bon,

afin que vous viviez,

et qu’ainsi le Seigneur, le Dieu des Armées, soit avec vous,

comme vous le dites.

15Détestez ce qui est mauvais, aimez ce qui est bon,

faites régner l’équité à la porte de la ville ;

peut-être le Seigneur, le Dieu des Armées, fera-t-il grâce

au reste de Joseph.

(…)

21Je déteste vos fêtes, je les rejette,

je ne veux plus sentir vos assemblées solennelles.

22Quand vous me présentez vos holocaustes et vos offrandes,

je ne les agrée pas ;

vos sacrifices de paix et vos bêtes grasses,

je ne les regarde pas.

23Eloigne de moi le tumulte de tes chants !

Je n’écoute pas le son de tes luths,

24mais que l’équité coule comme de l’eau,

et la justice comme un torrent intarissable.

Matthieu 6, 5-14

5Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui se plaisent à prier debout dans les synagogues et aux coins des grandes rues, pour se montrer aux gens. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. 6Mais toi, quand tu pries, entre dans la pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

7En priant, ne multipliez pas les paroles, comme les non-Juifs, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 8Ne faites pas comme eux, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.

9Voici donc comment vous devez prier :

Notre Père qui es dans les cieux !

Que ton nom soit reconnu pour sacré,

10que ton règne vienne,

que ta volonté advienne

– sur la terre comme au ciel.

11Donne-nous, aujourd’hui, notre pain pour ce jour ;

12 remets-nous nos dettes,

comme nous aussi nous l’avons fait pour nos débiteurs ;

13ne nous fais pas entrer dans l’épreuve,

mais délivre-nous du Mauvais.

14 Si vous pardonnez aux gens leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera, à vous aussi, 15mais si vous ne pardonnez pas aux gens, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.

 

Cantique 2 :   23/09, 1.2.  Seigneur dirige (P.276)

 

 

 

Prédication

Le culte protestant expliqué ou alors « le culte protestant pour les curieux. » c’est le nom des cultes lors des Journées du Patrimoine.

Car le patrimoine c’est d’une part les bâtiments, mais aussi ce qui se vit et se pratique entre ses murs.

A part les explications sur les étapes du culte tel que nous le pratiquons actuellement, on peut aussi se poser la question :

Qu’est ce qu’un culte ?

A quoi bon ?

Quels sont les pièges à éviter ?

Quelles sont les différences avec d’autres rites religieux, d’autres confessions ou religions …

On n’arrivera pas à traiter tout cela ici et aujourd’hui,

Mais avec le choix des lectures bibliques, je voulais déjà rappeler que cette question est aussi vieille que les croyants existent et qu’ils s’interrogent là-dessus

• Et Amos nous donne une indication fondamentale.

Dieu n’a pas besoin de nos cultes, de nos rites. 

Si notre vie spirituelle n’est pas en adéquation avec notre vie de tous les jours et nos actions pas en conséquence de ce que nous prions et entendons au temple,  mieux vaut s’abstenir.

Dieu n’a pas besoin de nos célébrations,

Mais il estime bon pour nous, d’après Amos, d’avoir un équilibre entre vie spirituelle et vie engagée dans la société. Deux faces de la même médaille.

Retenons déjà cela.

Et puis, côté Nouveau Testament, peu est dit en vérité sur le comment et la façon de célébrer. Comme souvent ici aussi, les auteurs écrivent au moment où il y a des dérives. La plus célèbre, c’est certainement dans la lettre aux Corinthiens le passage où Paul critique le fait que certains membres de la paroisse commencent la sainte cène avant attendre les derniers arrivés, et résultat des courses : Les premiers sont saouls et ont tout mangé, quand les derniers arrivent. Non, ce n’est pas la bonne façon de célébrer la Sainte Cène.

Mais alors, quelle est la bonne façon de célébrer ? Personne ne nous le dit.

Mais Jésus au moins nous laisse cette trace : ce n’’est surtout pas pour se vanter ou se montrer devant les autres. C’est avant tout une affaire personnelle entre chacun et son Dieu.

Au lieu de prier à haute voix devant toute le monde, il donne la consigne de se retirer dans un lieu calme et privé pour y prier, parler à son Dieu en toute intimité.

• Deuxième indice: la célébration n’est pas là pour se montrer devant les autres, mais si nous nous retrouvons pour vivre ce moment de façon collective, c’est tout de même en gardant l’intimité et l’individualité de la foi de chacun de ses membres.

Le culte n’est ni pour Dieu, ni pour les autres, mais important pour moi.

Malgré tout, les chrétiens ont tout naturellement fait comme tout le monde avant eux. Ils avaient éprouvé le besoin de se rassembler et de partager ce moment et puis cela s’est fait de différentes façons d’après les traces bibliques :

Autour d’un enseignement biblique,

Autour des prophéties,

Autour de la Cène,

Autour des louanges …

Mais, qu’est dans tout cela la spécificité protestante ?

 

 

 

Martin Luther et le culte: 

Et pour cela je vous invite à un voyage dans le temps, au moment de la Réforme, et notamment dans la Réforme influencée par Martin Luther.

Voici quelques choix et réflexions de sa part qui ont marqué la Réforme et qui ont influencé l’esprit du culte protestant jusqu’à nos jours, aussi dans le monde francophone.

A partir de 1523, Luther commence à écrire et à mettre en place ses idées pour réformer la messe en latin. Il y allait par petites doses, mais il éprouvait le besoin de faire évoluer la façon de faire et notamment de réajuster des façons qui lui semblaient être des abus et des dérives.

« Il ne s’agit pas de supprimer la messe, dit-il, mais de lui redonner son juste usage. »

 

 

Voici les points qui lui sont chers :

• Une célébration a besoin d’une assemblée. Officier une messe en solitaire, pratiqué par un prêtre seul, n’a pas de sens pour lui. A l’époque, on payait par exemple le prêtre ou l’église pour « lire » une messe en faveur d’un défunt et cela pouvait se faire sans assemblée. « C’est comme si la parole divine restait silencieuse, écrit-il, car personne n’est là pour l’entendre.

Cet avis, contesté à l’époque de Luther, est aujourd’hui adopté par l’église catholique, Il faut au moins être deux, car la parole est annoncée et doit être entendue et réceptionnée par quelqu’un (cf: https://liturgie.catholique.fr/art-de-celebrer/assemblee-liturgique/5187-la-communication-dans-l-assemblee/

• La célébration n’est pas une œuvre en soi pour obtenir le salut. Le culte est le lieu où on annonce le salut, où on prêche, enseigne l’œuvre salutaire de Dieu, et où l’on y répond par la prière et les chants … mais assister à la messe et/ ou faire certains rites lors de la messe (allumer un cierge, prendre la communion, prier le chapelet …) n’apporte pas le salut. Luther est frustré du fait que des gens assistent à la messe sans rien y comprendre, juste parce qu’ils pensent que c’est nécessaire pour être sauvés de l’enfer. Et dans cette logique de son temps, mieux vaut encore le célébrer le plus souvent possible. Chose pour laquelle nombreux sont ceux qui abandonnent leur vie civile pour entrer au monastère. « On gagne beaucoup en clergé, mais on perd au niveau de la foi … « écrit Luther face à ce phénomène.

La vie entière, la vie de tous les jours, notre profession, notre vie en famille devrait être un culte, être un service au nom de Dieu, un lieu où on cherche à vivre la volonté de Dieu, dit-il.

C’est donc chez Luther en quelque sorte une désacralisation de la célébration, et une sacralisation de la vie ordinaire.

C’est un début de démocratisation du culte, car nobles, clergé et gens simples sont rassemblés au même niveau et ont le même but de se mettre à l’écoute de la parole divine. Luther n’imaginait pas encore que d’autres que des théologiens, et des hommes, puissent prendre la parole pour enseigner, mais au moins ils les voyaient tous avoir le même besoin d’écoute.

Et une cléricalisation des métiers civils, qui peuvent  être une vocation aussi bien que la vocation de devenir prêtre, par exemple (Beruf / Berufung en allemand.)

• Au centre du culte pour Luther : La parole biblique, l’enseignement à partir d’une parole biblique, un enseignement qui cherche à faire dialoguer les textes bibliques avec la vie de celles et ceux qui écoutent.

Alors, pour y arriver, il faut parler la langue des personnes qui écoutent. Il faut au moins que la prédication soit dite dans la langue parlée par l’assemblée.

Dans un premier temps, Luther continue la messe en latin et ne traduit que la prédication, plus tard il va traduire toute la messe. La messe en latin sera réservée aux clercs qui parlent bien latin.

Du coup Luther demande l’écoute éveillée de toutes les personnes qui assistent.

« Jusque-là, ils ont prié contre les murs / face aux murs » dit-il, puisqu’ils ne comprenaient rien. Mais maintenant il ne suffit pas d’être là, il faut s’appliquer à l’écoute.

Il termine un de ses écrits sur le culte en disant :

Nous avons à imiter Marie et à prendre le temps de nous asseoir aux pieds de Jésus, notre maître, pour l’écouter.

Et nous avons comme Marthe, à apprendre à renoncer à vouloir toujours faire des choses et apprendre à laisser tomber certaines habitudes (des rites notamment).

Car oui, ce qui se passe au culte, c’est que Dieu lui-même nous parle et nous enseigne. Ainsi le dit Martin Luther lors de l’inauguration de la Schlosskirche de Torgau en 1544 : « Dans la liturgie, le Seigneur parle avec nous au travers de sa Parole sainte et nous lui répondons par notre prière et notre louange. »

• Et autre aspect important pour lui : Le retour à la Bible seule, comme seule source d’enseignement. « Enlevons la messe des légendes et des mensonges » écrit-il. Et ce qui se cache derrière, c’est probablement de renoncer aux cultes des saints et toutes les narrations qu’on racontait autour de la biographie des saints. Pour Luther, c’est la Bible seule qui compte, par contre la Bible entière, premier et deuxième Testament.

• Luther était adepte de la lecture continue : de lire chaque jour une partie de la Bible, livre par livre, dans les célébrations du matin (il propose de se rassembler autour de 4 ou 5 heures du matin !) lecture du l’Ancien Testament, et le soir (vers 18h) lecture du Nouveau testament. Ceci concernait surtout les étudiants en théologie, les pasteurs, le clergé …  Pour les célébrations du dimanche, ouvertes à tout le monde, mais aussi prévues au moins deux fois dans la journée, c’était lecture et enseignement sur l’évangile le matin et sur l’épître le soir.

• La Bible au centre, l’enseignement au centre c’est le plus important à retenir. Et nous en avons déjà une conséquence : l’importance de parler dans une langue compréhensible. Et cela n’était pas juste la langue maternelle, mais aussi vraiment un effort pédagogique de parler de manière que tout le monde puisse suivre. Luther était réputé pour parfois se servir d’un langage assez brut, mais cela vient probablement de là. Il ne se cachait pas derrière des discours élitaires, universitaires, mais il voulait attirer l’attention. Jésus n’a-t-il pas lui aussi parlé en paraboles, en prenant des exemples de la vie quotidienne pour se faire comprendre ? Aux pasteurs de faire de même. Et comme tout bon pédagogue le sait, on peut prêcher sur tout, mais pas au-delà d’une certaine durée de temps. Alors aujourd’hui, on dit « pas plus de 15 minutes » … Luther exigeait plus. A son avis 30 minutes étaient une bonne durée d’écoute, et il voulait que tout ensemble, prière, chants, si besoin sainte cène, soient bouclés en 60 minutes … car dit-il : « il ne faut pas encombrer, surcharger,  les personnes avec trop de paroles ! «

Luther : « Car il ne faut pas surcharger les âmes, de peur qu’elles ne se fatiguent et ne se lassent ; comme jusqu’à présent dans les cloîtres et les fondations, où elles se sont surchargées de travail comme des bourriques. »

Comment est-ce pour vous ?

Pouvez-vous suivre encore un peu ?

 

Vous avez compris : La bible et l’enseignement au centre, mais pas à côté de la plaque des besoins des gens qui viennent. C’est cela l’idée luthérienne de la réforme de la messe.

• Et puisque la personne qui vient est ainsi honorée, elle doit aussi être impliquée dans le culte. Par l’écoute, mais aussi par l’expression : les chants par exemple, ou le Notre Père.  Il a hésité un tout petit instant, se demandant s’il ne fallait pas enlever les chants, par crainte qu’on chante n’importe quoi, mais comme Luther aimait la musique et chanter et qu’il avait dit par ailleurs que c’était par des chants qu’il était arrivé à se débarrasser du Diable et à traverser des moments difficiles de sa vie, il a trouvé un moyen de les garder. Il gardait des chants en lien avec le message biblique et il abandonnait tous les chants en lien avec le culte des saints. Et pour que les gens arrivent à chanter, il prenait parfois des musiques bien connues et leur donnait un nouveau texte : Par exemple :

• 32 / 04 O Dieu tout puissant / Vom Himmel hoch da komme ich her / Je viens à vous des hauts des cieux …

Un chant de troubadours. Eux ils chantaient : je viens de loin, prêtez l’oreille ce que je vais vous raconter … et ensuite  ils chantaient des faits divers de leur époque.

Luther change les mots et les place dans la bouche des anges qui racontent l’événement de la naissance de Jésus …

Tout est bon, si cela sert à annoncer, à capter l’attention.

Ce n’est pas la forme qui compte , mais le contenu.

Pour Luther, pas de liturgie divine, dans le sens d’un ordre ordonné gravé dans le marbre qu’on ne saurait changer. Pour lui, cela peut évoluer et s’adapter aux besoins. On lui demandait d’écrire une liturgie , un ordre commun à tous les cultes protestants en Allemagne mais il n’en voyait pas trop l’intérêt. Mettre un peu d’ordre oui, pour qu’il n’y ait pas du n’importe pas …. Mais avec la flexibilité nécessaire pour évoluer et s’adapter.

Avant de dépasser les 30 minutes, vous avez compris, la particularité protestante est :

• Le culte comme rassemblement d’écoute et de partage : Dieu se donne à travers sa parole, et l’assemblée répond par l’écoute attentive, la prière, le chant
  • Tout faire pour être audible
  • Tout faire pour impliquer l’assemblée

– le clergé n’est plus nécessaire sur un plan sacré pour établir un lien mystique entre le divin et les personnes, mais devient porte-parole et traducteur de la parole divine

• Pas de besoin sacramentel tout court. Un culte peut se faire sans Saint Cène. On la célèbre par besoin et par un rythme souhaité, mais rien n’est nécessaire.

D’où l’invitation à nous, 500 ans plus tard, toujours à nouveau de veiller là-dessus. Sommes-nous encore audibles ? Est-ce que l’assemblée est assez bien intégrée pour être en dialogue intime avec Dieu ?

A vous de juger …

Amen

 

 

 

Jeu d’orgue

Cantique 3 :   21/07, 1.2.3.4.5.  Qu’aujourd’hui (P.235)

Introduction Liturgie 4 :  Confession de foi 

Pouvons-nous dire tous ensemble ce que nous croyons ? Nous sommes des individus. Nos convictions diffèrent. Le débat autour de la confession de foi au sein de la communauté protestante n’a jamais cessé. Qu’on le propose encore, c’est pour dire que malgré notre diversité de croyance nous sommes portés par la même unique foi que Dieu nous offre.

La foi n’est pas comprise comme une doctrine à croire, à laquelle on devait adhérer, mais le cadeau de se sentir aimé et accueilli par Dieu.

Nous avons besoin de l’exprimer ensemble, pour nous rappeler de la communion offerte notamment dans l’œuvre de Jésus Christ et mise en place par l’Esprit Saint.

Parfois nous lisons des textes œcuméniques, c’est à dire signés aussi par d’autres courants chrétiens, comme le symbole des Apôtres, dit aussi dans l’église catholique, parfois ce sont des textes plus individuels, plus récents.

Dans tous les cas, à chacun et chacune d’entre nous de songer, à l’écoute, à quel point nous adhérons à cette conviction proposée.

Sur le placement dans la liturgie, notons de nouveau une différence luthérienne et réformée.

Dans la tradition luthérienne, la confession de foi se situe avant l’écoute des lectures bibliques et de la prédication : C’est la communion des croyants qui viennent ensemble à l’écoute de la Parole;

Dans la tradition réformée, elle est placée après l’écoute de la prédication. C’est la réponse de la communauté à un message reçu.

 

 

Confession de Foi    CREDO , recueil de cantiques

• Spontané :  47/18 A mon Dieu je me confie

 

Introduction liturgie 6 : offrande, annonces, prière d’intercession, Notre Père, envoi et bénédiction 

L’offrande c’est participer matériellement à la vie et l’action de l’église. Nous sommes nombreux à le faire régulièrement par un virement ou d’autres moyens, c’est bien, mais qu’on le garde aussi comme élément du culte, c’est pour dire que c’est plus qu’un soutien à une quelconque association. C’est le partage fraternel et c’est aussi d’offrir nos biens à Dieu pour qu’il nous aide à en faire bon usage.

Parfois le moment des annonces peut ressembler à un moment d’indiscipline  si bien que dans les paroisses il y a toujours un débat sur le fait de savoir si cela fait ou non partie du culte.

La réponse est oui : c’est le moment où l’information est transmise à la communauté qui se souvient  de ses activités et de toutes les dimensions de l’église et  elles ne sont pas sans rapport avec le mode d’organisation démocratique  (et non anarchique) de l’église : on vote pour le Conseil presbytéral, on prend la parole et on annonce certaines informations au cours du culte.

La prière d’intercession est l’expression de nos yeux ouverts sur le monde. C’est aussi un rappel de la prière de Moïse intercédant pour son peuple.

Pour LUTHER l’intercession c’est un acte (Agir)  et  prier : non une litanie de demandes mais le moment où l’on remet à Dieu le monde tel qu’il est, avec ses souffrances et avec la conviction que Dieu agira à nos côtés.

Enfin l’envoi et la bénédiction qui se reçoivent debout. La bénédiction nous rappelle ou nous confirme en fin de culte la grâce de Dieu, la grâce et sa présence qui nous accompagnent  hors de ce culte)

     

 

Offrande        –      Annonces

 

 

Prière d’intercession

Dieu, Père, Mère,

nous te prions et nous te remercions pour ta présence dans nos vies .

Tu nous aides à lever le regard,

de quitter notre nombril et de voir le monde autour de nous.

voici que nous partageons avec toi ce qui nous est trop difficile à porter tout seul aujourd’hui.

Nous te prions pour les personnes demeurant dans des zones de conflit

Veux tu les consoler dans leur deuil,

calmer la peur,

fortifier pour un avenir.

Veux tu nous inspirer des moyens pour venir à leurs secours.

Soutiens les personnes qui travaillent surplace et qui sont confrontés à des situations si difficiles à vivre.

Nous te prions pour les personnes touchées par les catastrophes dites naturelles,

Mais nous savons que nous avons fait notre part pour arriver là

Inondations d’un côté,

Incendies de l’autre,

Les gens qui sont exposés à cela ne sont pour rien et pourtant nous y contribuons tous ensemble au changement climatique.

Viens à notre secours pour changer nos habitudes malsaines,

Et pour nous montrer solidaires avec celles et ceux qui paient les conséquences.

Nous te prions pour les réfugiés en route vers l’Europe.

Veux tu les consoler dans leur deuil,

leur donner la force et des opportunités de se construire une nouvelle vie.

Veux tu nous inspirer des moyens pour venir à leurs secours.

Nous te prions en silence en te soumettant des personnes auprès ou loin qui ont besoin de ta compassion et de notre solidarité.

…. silence ….

 

 

Ensemble nous te disons :

et Notre Père

Notre Père qui es aux cieux,

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ;

pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Ne nous laisse pas entrer en tentation

mais délivre-nous du mal,

car c’est à toi qu’appartiennent

le règne, la puissance et la gloire,

aux siècles des siècles.  Amen.

 

Exhortation

Béni soit Dieu,

Il nous a donné sa Parole pour que nous l’entendions,

Il nous a promis son Royaume pour que nous espérions.

Allez,

avec vos soeurs et vos frères,

dans l’audace et l’adoration,

“la joie de Dieu sera votre force”.

 

 

BENEDICTION

Recevons la bénédiction de la part de Dieu :

“Le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix, en tout temps et de toute manière”.   Amen.

• Spontané : 41/28, 1. A Dieu soit la gloire

 

 

Christina Weinhold , 22 09 2024