à l’heure de miracles- prédication sur Jean 2

15 juin 2025

Jean 2 et la transformation de l'eau en vin

 

PRIERE AVANT LES LECTURES

Dieu,

Nous avons soif de ta présence et voici ta parole.

Nous avons soif de ta parole et voici la Bible.

Donne-nous ton Esprit pour que ces textes bibliques deviennent pour nous une parole de vie.  Amen

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Lectures Bibliques 

Es 62, 1- 5 1Par amour pour toi, Jérusalem, je ne me tairai pas ; par amour pour toi, Sion, je ne resterai pas inactif, jusqu’à ce que ta juste délivrance apparaisse comme le jour, et que ton salut brille comme une torche enflammée. 2Les peuples verront que le Seigneur t’a délivrée, tous les rois contempleront ta gloire. On te donnera le nom nouveau que le Seigneur aura prononcé. 3Dans la main du Seigneur, de ton Dieu, tu seras comme un turban royal, comme une couronne de fête. 4On ne t’appellera plus “la ville abandonnée”, on ne nommera plus ton pays “la terre dévastée”. On t’appellera au contraire “plaisir du Seigneur”, et l’on nommera ta terre “la bien mariée”. Car tu seras vraiment le plaisir du Seigneur, et ta terre aura un époux. 5Oui, comme un jeune homme épouse une jeune fille, ainsi celui qui te rebâtit sera un mari pour toi. De même aussi qu’une fiancée fait la joie de son fiancé, tu feras la joie de ton Dieu.

 

 

Jean 2, 1- 12 1 Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. 2Jésus fut aussi invité aux noces, ainsi que ses disciples. 3Comme le vin venait à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin. 4Jésus lui dit : Femme, qu’y-a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue. 5Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira. 6Il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures. 7Jésus leur dit : Remplissez d’eau ces jarres. Et ils les remplirent jusqu’en haut. 8Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’organisateur du repas. Et ils lui en portèrent. 9L’organisateur du repas goûta l’eau changée en vin ; il ne savait pas d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient ; 10il appela l’époux et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

11Tel fut à Cana en Galilée, le commencement des signes que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

12Après cela, il descendit à Capernaüm, avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours.

 

 

 

 

PREDICATION

C’est l’heure !

C’est Marie qui le déclare.

Combien de fois a-t-elle dit auparavant  ?

C’est l’heure ! Il faut aller à l’école.

C’est l’heure ! Partons pour faire des courses ou pour faire une visite.

C’est l’heure ! Le jour décline, rentrons à la maison.

C’est l’heure ! Tout est prêt. Venez manger.

Combien de fois avait-il répondu : Mais maman, c’est trop tôt ! Laisse-moi dormir encore un peu, jouer encore un peu avec les copains… mais, laisse-moi tranquille, stp !

Cela pourrait paraître comme une scène de ménage de plus, entre fils et mère, quand Marie interpelle son fils : « Ils n’ont pas de vin ».

C’est une information.

Mais le fils qu’il est sait bien que c’est une interpellation : bouge toi ! Fais quelque chose !

Non, ce n’est pas une scène de ménage en plus, Jésus n’est plus le petit garçon qu’il était. Il ne répond pas : Mère,  pas maintenant, laisse-moi tranquille, stp.

Mais il répond, d’après Jean :

Je traduits mot à mot :  « Quoi – à moi et à toi, femme ? Mon heure n’est pas encore venue.  »

Difficile à traduire et à comprendre. Souvent, nous trouvons une traduction qui souligne un manque de respect de Jésus vis-à-vis de sa mère :  « Que me veux tu? (français courant) » ou alors « qu’est ce qu’il y a entre moi et toi ? »  (Louis Segond 1905)

Alors que c’est au contraire : « qu’avons-nous en commun pour que tu me fasses confiance ? »  Mais est-ce l’heure de réveiller tout cela, ici et maintenant, le jour d’une fête ? Le jour d’un mariage ?

Ne serait-il pas sage d’attendre, par exemple le jour d’une prédication à la synagogue ?

Ou alors le jour où il serait nécessaire de guérir un malade ?

Ou le jour où la foule manque de pain pour se nourrir ?

Est-ce l’heure ici et maintenant pour accomplir ce que nous savons, toi et moi, femme, de la mission qui m’est donnée ?

Oui, la Marie, femme, non la Marie mère, la croyante, trouve que l’heure est venue et sans attendre elle met en relation les servants et Jésus. « Faites tout ce qu’il vous dira. »

Et c’est ainsi que le premier des signes d’après Jean s’accomplit lors d’une fête.

Jésus ne va seulement transformer l’eau en vin,

il va le faire en abondance.

On choisit les jarres d’eau de purification, des grandes et énormes jarres d’eau à l’entrée de la maison, pas les petites amphores à vin. Le vin va couler en abondance.

Cette fête va pouvoir continuer, très longtemps encore. Ils n’en manquera plus.

ll y en a assez pour tout le monde.

Assez de quoi ?  de vin tout court ?

Non,

Jean est poète et il aime parler en images et faire des allusions.

Son premier chapitre fait allusion au livre de la Genèse et à la création du monde :

Jésus entre dans ce monde comme la lumière au début du temps.

Et le deuxième chapitre fait référence à la résurrection : trois jours après, ils apparaissent à un mariage et tout commence ici.

les lecteurs / lectrices qui sont habitués à la logique chronologique de Matthieu, Marc et Luc doivent être confus.

Chez eux le vin a son importance à la fin de la route parcourue ensemble,

et les trois jours c’est après sa mort.

Jean place le tout au début de son évangile.

Le partage du vin, ce n’est pas le symbole de mémoire, ni un signe d’attente (« je le boirai de nouveau avec vous dans le Royaume de Dieu» Mt 26, 29 ), comme dans les autres évangiles,  mais chez Jean c’est d’ores et déjà la rencontre avec le Jésus vivant.

Pas besoin d’attendre un au-delà, ou se souvenir de chacun-chacune d’entre nous qui croise le chemin de Jésus peut boire et se ressourcer. Il y en a assez pour tout le monde.

Pour les gens de ce village,

comme pour la samaritaine dont Jean parle deux chapitres plus tard. Jean 4, 14 celui qui boira de l’eau que, moi, je lui donnerai, celui-là n’aura jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira pour la vie éternelle.

Certainement il y a encore assez pour nous ici.

Pas de vin et de l’eau sur un plan matériel,

mais ce que cela veut dire sur un plan symbolique.

Depuis que Noé est sorti de l’arche et qu’il s’est précipité pour planter une vigne, nous savons que le vin symbolise la présence de Dieu dans nos vies. Les prophètes comparent Israel à une vigne que Dieu lui même protège et et fait fructifier. Le royaume de Dieu est là où tout le monde se retrouve autour de la même table pour partager un grand banquet et le vin que Dieu offre.

Et Jean de dire :  Ce temps, nous pouvons le vivre avec Jésus ici et maintenant déjà. Peut-être pas accompli, mais de manière très significative.

Que faut il ?

Il faut faire comme les serviteurs de la fête : faire confiance.

Et plein de confiance remplir les jarres d’eau, puiser et partager.

Et miracle… peut-être sera-ce du vin ?

Personnellement, je vois dans ce récit un grand encouragement à la pauvre Église en manque que nous sommes depuis 2000 ans.

Car nous manquons toujours de quelque chose :

Ah, on n’a pas assez de croyants !

Ah, il manque de personnes engagées !

Où sont les jeunes ?

Pour quand plus de vocations ?

Et bien sûr que cela aussi manque depuis toujours : les deniers, les pièces d’argent, les sesterces, les florins, les francs, les d’euros… les sous dans nos caisses.

Et c’est ainsi que nous nous plaignons de ce que nous apercevons comme un manque depuis des siècles et des milliers d’années.

Alors que les évangiles nous rappellent qu’avec Jésus, les miracles se font à partir de trois fois rien :

  • à partir de 5 pains et deux poissons des milliers de personnes vont manger… parce qu’en confiance, ils ont commencé à partager 
  • ils avaient jeté les filets toute la nuit, en vain, mais finalement, la pêche sera énorme là où ils ne le pensaient pas
  • ils avaient commencé à 12 mais, aujourd’hui encore, l’Esprit Saint en ajoute tous les jours 
  • ils mettaient de l’eau dans les jarres, mais cela avait fini par être du vin… un breuvage inspirant pour une multitude de personnes 

Celui qui pense que les chrétiens possèdent la recette d’une portion magique, façon Panoramix, se trompe.

Les chrétiens sont renvoyés sans cesse vers ce qui est à la porté de nous tous : de l’eau, quelques pains, les filets de notre métier et le savoir-faire à notre niveau.

Mais à l’aide de Dieu,

en faisant confiance,

en y allant pour remplir, puiser et partager le peu qu’on a…

parfois des miracles se font, même sans que nous nous en rendions compte.

Jean, à l’inverse des autres évangélistes,  commence son évangile par le vin et le termine par l’eau.

Quand Jean parle du dernier repas de Jésus avec les disciples , ils ne dit rien par rapport au repas. Rien ne fait allusion à la Cène, au pain rompu ou à la coupe partagée. Mais pour Jean, il est important de transmettre ce qui se passe avant le repas : Jésus va prendre l’eau des jarres de la purification à l’entrée de la maison, pas pour en faire du vin, mais pour faire ce à quoi elle sont destinées : pour laver les pieds fatigués et poussiéreux des personnes invitées. (Jean 13)

Les disciples et Jésus ont parcouru tellement des routes ensemble. Avant que leurs chemins se séparent, il ne reste que cette seule chose à faire pour Jésus : prendre soin d’eux. Soigner ce qui est fatigué et les préparer à leur mission :  Jean 13, 15 Je vous ai donné un exemple pour que vous agissiez comme je l’ai fait pour vous.

Si nous sommes ses disciples, encore aujourd’hui, alors le message nous remet à notre place : ce n’est pas à nous de changer l’eau en vin en claquant des doigts, mais à nous de prendre cette eau et à se mettre au service les uns des autres… et en le faisant, l’eau sera peut-être bien plus que de l’eau simple pour l’autrui, mais une vraie révélation que la charité au nom de Dieu existe. Et ce sera comme du vin.

 

 

 

L’autre jour j’ai reçu une image où quelqu’un avait dessiné un Jésus en train d’arroser un pied de vigne. Et comme sous titre :  Voici comment Jésus avait transformé l’eau en vin.

Cela se voulait comme une blague.

Mais peut être est-ce la bonne image nous concernant : nous, dans l’Église, au lieu de nous lamenter sur tous nos manques, nous ferions mieux de prendre nos arrosoirs et de mettre un peu d’eau là où les gens ont soif. C’est l’heure  !

Amen

 

 

Christina Weinhold, 15 juin 2025

 

 

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