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Prédication 25 décembre 2023 : humanité
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LECTURE D’UN OU DE PLUSIEURS TEXTES BIBLIQUES
Esaie 62;
1Par amour pour toi, Jérusalem, je ne me tairai pas ; par amour pour toi, Sion, je ne resterai pas inactif, jusqu’à ce que ta juste délivrance apparaisse comme le jour, et que ton salut brille comme une torche enflammée. 2Les peuples verront que le Seigneur t’a délivrée, tous les rois contempleront ta gloire. On te donnera le nom nouveau que le Seigneur aura prononcé. 3Dans la main du Seigneur, de ton Dieu, tu seras comme un turban royal, comme une couronne de fête. 4On ne t’appellera plus “la ville abandonnée”, on ne nommera plus ton pays “la terre dévastée”. On t’appellera au contraire “plaisir du Seigneur”, et l’on nommera ta terre “la bien mariée”. Car tu seras vraiment le plaisir du Seigneur, et ta terre aura un époux. 5Oui, comme un jeune homme épouse une jeune fille, ainsi celui qui te rebâtit sera un mari pour toi. De même aussi qu’une fiancée fait la joie de son fiancé, tu feras la joie de ton Dieu.
6 Sur tes murailles, Jérusalem, j’ai placé des veilleurs. Ils ne devront jamais se taire, ni le jour ni la nuit. « Vous qui rappelez au Seigneur le souvenir de Jérusalem, ne faites aucune pause. 7Ne le laissez pas en repos jusqu’à ce qu’il ait rétabli Jérusalem, jusqu’à ce qu’il ait fait d’elle la louange de toute la terre. »
Jean 1, 1Au commencement de toutes choses, la Parole existait ; la Parole était avec Dieu, elle était Dieu. 2Elle était donc avec Dieu au commencement. 3Tout est venu à l’existence par elle, et rien de ce qui est venu à l’existence n’est advenu sans elle. 4En elle se trouvait la vie et cette vie était la lumière pour les êtres humains. 5La lumière brille dans l’obscurité, et l’obscurité ne l’a pas arrêtée. 6Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 7Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 8Il n’était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la seule vraie lumière, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les êtres humains.
10La Parole était dans le monde et le monde est venu à l’existence par elle, et pourtant le monde ne l’a pas reconnue. 11Elle est venue dans son propre pays, mais les siens ne l’ont pas accueillie. 12Cependant, à tous ceux qui l’ont reçue et qui croient en elle, elle a permis de devenir enfants de Dieu. 13Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c’est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.
14La Parole est devenue un homme et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’un Fils unique, plein du don de la vérité, reçoit du Père. 15Jean lui a rendu témoignage ; il s’est écrié : « C’est de lui que j’ai parlé quand j’ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 16Tous nous avons eu part à sa plénitude ; nous avons reçu un don après l’autre. 17Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais le don de la vérité est venu par Jésus Christ. 18Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit dans l’intimité du Père, lui seul l’a fait connaître.
Au commencement était la Parole, disent nos traductions.
Au commencement était la parole.
Et la parole était avec Dieu.
Et Dieu lui-même était le Verbe, c’est-à dire celui qui met en pratique ce qui est dit.
Mais une autre compréhension est possible.
Il suffit de le comparer avec d’autres textes où on parle de logos, parole en grec,
et il serait aussi possible de dire :
Au commencement était la sagesse.
Et la sagesse était avec Dieu.
Et la sagesse était comme Dieu.
Tout est né de la sagesse.
Vivre illuminée par la sagesse
Ce serait une joie rayonnante et contagieuse.
Et la lumière brille dans les ténèbres.
Et la sagesse devint matière et habita parmi nous en tant qu’humain.
La sagesse s’est fait chair.
Et le sens apparut comme un corps sensible,
et le sens se fait expérimenter en paroles et en actes, à travers un humain,
Des humains,
C’est pourquoi nous voyons sa splendeur.
Une splendeur comme celle d’un enfant d’une mère et d’un père.
Pas un texte classique avec une crèche et une étable.
Pas de moutons, ni de bergers.
Pas de rois mages
Pas d’étoiles, pas de chant glorieux de la paix sur terre.
Moins d’émotions. Plutôt philosophique, sobre.
Dieu est la sagesse, la parole.
Jean renoue ici avec sa tradition juive de la sagesse.
Elle y est comprise comme une co-créatrice divine.
Une accompagnatrice de Dieu et du vivant sur la terre.
L’intuition.
Voix de l’âme.
Moment d’ahurissement.
Une force créatrice ingénue.
Un vis-à-vis enjoué.
Un faisceau d’énergie, en hébreu חוכמה’ Chokmah’.
Chok’ : potentiel. Et ‘Ma’ : ce qui est.
Le potentiel d’être.
Ou comme me disait un rabbin l’autre jour : « le déclic », ce moment où on comprend enfin, et où on est comblé de joie, car les écailles tombent des yeux, et on voit clairement.
A Noël, d’après Jean, le potentiel se réalise, devient réalité, devient touchable, palpable, expérimentale, dans la personne du Christ.
Ce potentiel d’être prend place parmi nous.
Une source d’énergie qui nous dépasse et qui était loin de nous, se rend proche.
Comme un rayon de soleil, qui se laisse capter (par une panneau solaire) et nous donne de son potentiel.
En d’autres termes, le logos préexistant, avec lequel Dieu a créé le monde, vient au monde. La création continue. Nous devenons part de cette création continue, grâce à ce potentiel proche de nous, qui nous attire, invite à s’y joindre, invité à le suivre et à s’y mettre à notre tour.
Je m’arrête là pour un instant.
Jean avec ses premières lignes de son évangile nous donne de vertige et nous fait penser avec mélancolie aux autres récits de Noël, récits de Matthieu et de Luc.
Où sont ces narrations qui alimentent tellement notre imagination.
Ou sont passé
Jean n’en sait rien ou ne veut rien en dire.
Peut être pour qu’on ne tombe pas dans l’illusion que Noël ce serait comme une belle histoire qu’on se raconte, style,
« Il était une fois, une mère, un enfant …etc, »
Jean nous dit que ce n’est pas juste une fois, mais que cela peut se passer toujours de nouveau.
Cela se passe tous les jours, ou plutôt toutes les nuits,
À chaque fois que nous sommes dans une obscurité personnelle , dû à un événement difficile,
Ou alors dans l’obscurité de notre monde qui ne brille pas toujours de bonheur,
Mais connaît au contraire tant de sources et raisons d’angoisses et de tristesse.
A nous tous, vaut cette promesse que nous pouvons vivre l’arrivée de la lumière, la parole, la sagesse, le sens de nos vies.
Cette parole, cette sagesse, hokmah, ce déclic qui nous fait lever la tête et nous dire, je sens Dieu près de moi,
Je sens qu’il y a qqn , qqc qui me dépasse mais qui me soutient et me porte,
Grâce à lui, je vais avancer, et je vais me relever de mon deuil, de mon inquiétude, de mon échec, de ma souffrance
Et retrouver un goût de vie.
Grâce à ce déclic je continuerai certes, à voir, ce qui ne va pas,
mais je verrai aussi cet potentiel qui est là,
Tout ce qui est possible, et dont il me donne la force de faire.
Au commencement était la lumière, la parole, sagesse.
Et elle s’est faite humain.
Elle a habité avec nous, elle habite avec nous, elle veut nous habiter.
Je pense à l’enfant qui naissait et qui devenait un homme.
Jésus de Nazareth, né à Bethléem, est la sagesse incarnée.
Par sa vie et sa manière, ses histoires, son regard, il nous montre comment est Dieu. Comme un homme qui invite à un festin.
Comme. Un père à bras ouverts.
Comme. Une femme qui s’oppose courageusement à un juge injuste.
Un propriétaire de vignoble qui paie généreusement.
Un crucifié qui connaît la douleur et la trahison.
Comme un frère qui partage le pain, le poisson et le vin.
Un homme qui croit en toi et en moi et qui nous rend meilleur.
La sagesse est devenue humaine.
Le logos, le sens, la force divine s’est humanisée.
Noël célèbre l’humanité.
Dieu donne un signe d’humanité.
Et c’est pourquoi Noël peut aussi être fêté et apprécié par ceux qui ne se considèrent pas comme chrétiens.
Noël célèbre l’humanité et nous encourage à rendre le monde plus humain.
Cela se partage.
Cela n’est pas un cadeau réservé aux chrétiens seuls.
Noël est une idée simple et gagnante : avoir le déclic d’être humain.
De rire plus, de se plaindre moins.
Moins de jugements, plus de compassion.
Moins de devoir avoir raison, plus d’ouverture et de curiosité.
Moins de rejet, plus d’amour.
Être plus présent et bénir.
Avec potentiel, intuition, âme.
Et la sagesse s’est installée chez nous.
Et rayonnait, rayonne encore.
Tous ceux qui étaient plus habitués à l’obscurité qu’à la lumière.
Qui préféraient fermer les yeux pour ne pas être découverts.
Qui avaient peur d’une lumière trop vive.
Qui ne savaient pas ce que c’était que de briller.
Ils ne pouvaient pas absorber tant de belles lumières.
Ils ne faisaient pas confiance à la joie.
Et Jésus les a traqués.
Et les a priés de passer de la panique à la paix.
De la peur à l’amour.
Et tous ceux qui l’ont acceptée ont vécu comme des enfants de Dieu.
Des gens qui font la paix. Manger et boire. Célébrer l’humanité avec Dieu et Noël. Les amies et les amis de Dieu. Qui chantent des chants et se taisent. Crier aux autres : « Mazal Tov ! » Et suivre son exemple. Briller de mille feux. Partager. Et inviter. Crier « Le Chaim ! » et célébrer la vie. Être humain l’un pour l’autre. Ravissantes et attachantes. Aimables et aimants. Forts ensemble, fantastiques et admirables.
Joyeux Noël à toute la terre !
Christina WEINHOLD