FORUM KT 2023 : "Une catéchèse pour tout le monde, attentive aux besoins spécifiques"
Un petit résumé et retour sur le FORUM :
I Animation : s’accueillir
Pour se rencontrer et s’accueillir nous avons des « codes ». En France on se fait la bise entre amis, ou alors on se serre la main quand c’est plus distant. Mais comment faire quand on ne connait pas les codes ? Chaque participante a reçu une fiche qui lui expliquait comment saluer les autres dans « sa culture ». Puis nous nous sommes croisés et nous nous sommes salués, à notre façon. Source de rigolade, source de malentendu et de malaise…. Tout est possible.
N’est ce pas ainsi quand on accueille une personne un peu atypique ?
Et si alors il fallait juste prendre le temps d’apprendre la langue de l’autre et se détendre quand cela ne marche pas toute suite, comme dans ce jeu ?
Voici vers les types de salutations si vous souhaitez faire ce jeu dans un groupe.
Lien A A dire bonjour
II Discussion en groupes autour trois axes :
- notre attente à nous même : dans quel esprit accueillons nous à la catéchèse ? que voulons nous ?
b) que sont les freins / limites à nos attentes ?
c) avons nous détecté des besoins spécifiques parmi les enfants que nous accueillons ?
Voici un aperçu de certaines réponses. Lien B B reponses
En résumé nous pouvons dire que l’attente est grande d’offrir en catéchèse un lieu où il fait bien être. Et la frustration est grande du peu de retour : participation irrégulière, peu de réponses aux messages envoyés, peu d’enfants au rendez vous, peu de reconnaissance pour l’investissement.
Et que la première mise en question c’est de la part des catéchètes elles même de se poser la question : qu’est ce que je fais mal pour avoir si peu d’enfants dans mes groupes ?
III Introduction de la part de Christian APEL, aumônier à la fondation John Bost.
(Il travaille notamment avec des adultes autistes et handicapés cognitifs)
Dans son travail il rencontre différents défis :
- manque de possibilité de la part des personnes de s’exprimer ou alors se concentrer durant un certains temps
- Des réactions inattendues (besoin de bouger ou de crier par exemple)
Comment faire ?
Christian Apel donne quelques repaires :
- l’importance des rites au début et à la fin d’une rencontre
- Le courage de laisser tomber quand une animation ne fonctionne pas
- Se dire que vivre une catéchèse ne passe pas par l’intellect seulement
- Se laisser aider par l’esthétique, par « le beau » pour s’émerveiller et se respecter (décoration de la salle, bonne qualité du matériel)
- Le discernement d’éloigner en cas besoin une personne d’une situation , d’une animation quand on voit cela ne lui fait pas du bien
- Toucher et inclure tous les sens : mouvement, toucher, sentir, entendre
- Permettre à participer via des gestes simples : tenir une corde, placer un galet pour une prière, dire juste un mot
- Soutenir la parole par des images, des signes, des gestes
- Faire de la musique
- Prendre du temps
Voici quelques outils qui peuvent être intéressant :
- « Kamishibaï » (théâtre de papier).
> raconter une histoire biblique en montrant des images.
2. Figurines bibliques
3. Des dessins pour nous guider lors d’un culte
4. Photo-langage des émotions
Référence ?
5. Animation Prière
- enfiler des feuilles en bois
- La corde de la prière
Référence ? Explication ?
6. Les rites pour démarrer une réunion
- mettre un bougie pour Dieu
- Mettre des bougies pour des participants
7. Des Systèmes de Communication Alternative et Améliorée (CAA)
8. Des outils pour sensibiliser à l’handicap :
Les handispensables
https://www.keski.fr/v2/les-jeux/les-indispensables/
Les hinvisibles
https://www.keski.fr/v2/les-jeux/jeu-de-cartes-les-hinvisibles/
9. Les gestes pour dire une texte biblique
Quand la parole prend corps
Quand la Parole prend corps, un livre et un DVD pour découvrir les récitatifs bibliques
10. Livre handicap et inclusion
https://www.editions-olivetan.com/accompagnement-des-personnes/964-eglise-et-handicap-mental.html
les participants avec la corde à prier et d’autres outils
IV. Une animation de bibliologue
Le Bibliologue est une approche d’un texte biblique où la Bible et l’expérience humaine entrent en dialogue. L’objectif de cette méthode est d’acquérir une attitude envers le texte et envers le groupe qui permette aux participants de se glisser dans des rôles de personnages du texte et à s’impliquer eux-mêmes. Le bibliologue s’intéresse aux « blancs » du texte, c’est à dire au non dits, nos exprimé explicitement : Comment allons nous remplir ce vide ?
Marc 9, 14- 29 : la guérison d’un fils … et les limites
Lien C C Marc 9 bibliologue
Christina WEINHOLD pour le service
V. Un témoignage autour de la question : Que pouvons nous faire ? Pouvons nous toujours trouver une solution ?
Retour sur le forum KT du 14 octobre
Lors du bref moment de bilan avec les participantes (aucun homme en vue !), j’ai été touchée par plusieurs paroles pointant le manque de concret et notamment cette fameuse question : « Comment faire avec un enfant turbulent ? » J’ai été touchée, car dans l’équipe de préparation, je suis celle avec l’étiquette professionnelle « spécialiste » du handicap. (Je suis orthophoniste et je travaille auprès d’enfants avec des troubles cognitifs ou autisme). Et sur le moment, je n’ai pas su formuler de réponses. Mais depuis, j’ai pris le train et je suis partie quelques jours en vacances ce qui m’a permis de formuler un bout de réponse. Cette réponse ne se veut qu’une réflexion personnelle et rien de plus.
En effet, tout au long de la journée nous avons évoqué la différence, le besoin de s’adapter à tous et d’accueillir tant que nous nous en sentions capables. Christian Apel nous a présenté les outils qu’il utilise auprès des personnes déficientes intellectuelles pour faire vivre le message de l’Evangile et animer des temps de culte. Ces « trucs » sont tout à fait utilisables dans nos groupes d’enfants, avec ou sans handicap. Ils nous permettent de rendre concrets les différents temps liturgiques. Mais, tous ces « trucs » ne sont pas des solutions miracles qui vont changer l’enfant turbulent en enfant sage. Or, il semble que ce soit quelque chose que nous souhaitons secrètement. En effet, en début de journée, lors de temps d’échange en petits groupes, nous avons pu dire nos attentes, nos freins et nos besoins concernant l’animation de la catéchèse dans nos Eglises. Voici ce qui est revenu régulièrement dans ces échanges : ces fameux enfants qui « remuent » et le besoin d’être « armée » pour la gestion de groupe. Ce sont les phrases que j’ai mis dans mon carnet de note, il y a d’autres paroles échangées mais ce sont celles qui m’ont guidée dans la mise en forme de ce billet.
Alors, voici ce que je voudrais répondre maintenant en ayant eu le temps de réfléchir et de formuler mes idées : il n’y a pas de solution !
Mais je ne m’arrête pas là, il y a plus à dire. J’ai été frappée lors d’une réunion de préparation avec Christian. Nous discutions de sa pratique concrète et il nous avouait que parfois quand une personne présente des troubles du comportement, en raison de son handicap ou de sa maladie, empêchant le déroulement du culte ou de l’animation, il n’y a parfois pas d’autres solution que de faire sortir la personne pour permettre aux autres de poursuivre. Faire sortir, ne veut pas dire ne plus s’occuper d’elle. La porte sera ouverte pour venir à nouveau la prochaine fois. Et ça, je le vois régulièrement également dans mon quotidien professionnel : quand un enfant met en « danger » le groupe et l’animation qui est proposée à chacun, alors il en est sorti le temps nécessaire au retour au calme (et il est accompagné pendant tout ce temps, il n’est pas mis au coin). Et cela demande souvent une énergie folle aux éducateurs et éducatrices spécialisées.
Et donc voilà, nous y sommes : même les professionnels de l’éducation, du handicap et du soin n’ont pas de solution !
Alors, il n’y a rien à faire ? Bien sûr que non !
Et c’est là qu’en effet nous devons être armées ! Et même doublement armées.
D’une part, convaincues que chacun des enfants accueillis dans notre groupe y a sa place. Dieu lui a fait une place avant nous et Dieu l’aime tel qu’il est. Nous ne sommes pas Dieu, nous avons à fortifier par la prière cette capacité à l’accueil inconditionnel.
Nous avons presque toutes pu dire que nos attentes ne sont pas de suivre le programme mais de vivre des moments de qualité avec les enfants et vouloir mettre en avant le plaisir d’être ensemble pour pouvoir vivre cet amour transmis par Dieu. Alors pourquoi, toutes ces activités ? Pourquoi cette frustration si nous n’y arrivons pas ? L’enfant qui boude dans son coin peut entendre l’histoire que nous lisons aux autres. Celui qui préfère jouer aux kapla et ne pas réaliser la carte qui illustre le récit du jour, sera-t-il un moins bon chrétien ?
D’autre part, notre manière d’être et d’accueillir les enfants peut faire évoluer les choses. En effet, utiliser des technique de gestion de groupe, alterner les activités, quitter l’idée d’une catéchèse scolaire, ce sont là des pistes. Nous pouvons aussi utiliser une charte avec les enfants pour que les règles de fonctionnement du groupe soient claires et connues de tous et toutes. Présenter le déroulé de la séance pour que les enfants sachent ce qui va arriver, un peu à l’image du « totem liturgique » utilisé par Christian Apel. Suivre un déroulé relativement ritualisé pour pouvoir se repérer. Ou encore mettre une horloge dans la pièce pour savoir quand les parents vont revenir les chercher.
Etre catéchète, pendant le temps que nous passons avec les enfants et les adolescents : c’est être animateur ou animatrice. Alors formons-nous ! Allons passer des BAFA. Faisons venir des organismes spécialisés dans l’animation biblique pour nous guider. Continuons à venir au forum KT, participons au temps d’échange proposés par les services régionaux et nationaux qui nous permettent d’édifier et fonder nos pratiques.
Nous n’avons donc pas une solution, mais plusieurs à explorer.
Noémie Dietz-Quillet