prédication Mt 21, 28-34

Prédication Matthieu 21, 28 à 34 qu'en pensez-vous de tout cela ?

LECTURE D’UN OU DE PLUSIEURS TEXTES BIBLIQUES

Mt 21, 28 Que pensez-vous de ceci ? ajouta Jésus. Un homme avait deux fils. Il s’adressa au premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans la vigne.” – 29“Non, je ne veux pas”, répondit-il ; mais, plus tard, il eut des remords et se rendit à la vigne. 30 Le père adressa la même demande à l’autre. Celui-ci lui répondit : “Oui, père, j’y vais”, mais il n’y alla pas. 31Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » – « Le premier », répondirent-ils. Jésus leur dit alors : « Je vous le déclare, c’est la vérité : les collecteurs d’impôts et les prostituées vous précèdent dans le règne de Dieu. 32Car Jean le baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l’avez pas cru ; mais les collecteurs d’impôts et les prostituées l’ont cru. Et même après avoir vu cela, vous n’avez pas eu de remords pour finalement croire en lui.

 

 

PREDICATION

Les enfants sont à l’école biblique, les collégiens ont repris le caté du mardi soir, certains adultes se sont rencontrés hier pour le premier partage biblique de cette année  et pour ce culte de la rentrée, je vous invite tous ici présent à se mettre à votre tour au travail, à faire un peu de catéchisme, à découvrir un texte biblique.

 

 

Etape 1 : ouvrir la Bible – situer le texte

Vous avez des bibles dans les bancs. Je vous prie d’ouvrir alors l’évangile de Matthieu, chapitre 21, verset 28.

Gardez le doigt à la page et feuilletez un peu avant avant et en arrière.

Vous allez remarquer, que nous sommes ici plutôt à la fin du livre de Matthieu.

Jésus a déjà beaucoup parcouru de chemin, beaucoup enseigné et dans ce même chapitre, juste au début on nous raconte cet événement que nous entendons habituellement avant Pâques, au moment des Rameaux : Jésus entre à Jérusalem et il y est accueilli comme un Roi. Et peu après, sûr de sa puissance et de son pouvoir, il chasse les vendeurs du Temple. Un scandale. Un scandale qui provoque et qui va le mettre en danger. Suite à ce comportement, bientôt, on viendra le chercher, l’emmener devant un tribunal, le soupçonner de révolution, de désobéissance aux pouvoirs spirituel et politique, et oui, à la fin, on le condamnera à mort.

C’est donc tendu, c’est chaud, tout ce qu’il dit, tout ce qu’on lui demande dans cette situation, nous pouvons être sûrs que c’est sous écoute, bien protocolé, scrupuleusement noté, pour s’en servir le moment venu contre lui.

On vient le voir, juste avant notre passage, pour l’interroger, je lis en verset 23:

23 Il se rendit au temple ; pendant qu’il enseignait, les grands prêtres et les anciens du peuple vinrent lui demander : De quelle autorité fais-tu cela ? Qui t’a donné cette autorité ? 

Ils sont bien polis et patients ces gens. La veille il leur a fait un grand bazar ici devant le temple, il leur a mis la police et les renseignements intérieurs sur le dos, il est à deux doigts de mettre en péril la fête de Pâques qui déroule et qui attire tant de monde et au lieu de l’attaquer directement et de lui montrer la porte de sortie, ils demandent gentiment :  Qui t’as permis de parler et d’agir ainsi ?

Et voilà que Jésus les mets à l’épreuve. Comme il l’aime bien faire. On lui pose une question, et il répond par une autre.  Mt 21, 28 Que pensez-vous de ceci ? ajouta Jésus.

Voici comment il commence cet entretien.  Que pensez vous de ceci ? Avant de lire et de découvrir ensemble, passons à l’étape 2.

 

 

Etape 2 : quel texte ?

Un peu de patience, mais je suis désolée de vous le rappeler, nous l’apprenons en catéchèse, et je le répète ici : Ce texte que vous tenez dans vos mains, n’existe pas.

Nous avons bien fait l’effort de trouver Mt 21, 28 à 28 dans le livre que nous avons dans nos mains, mais en vérité, ce texte n’existe pas ainsi. C’est d’abord une traduction en français, d’un texte qui était écrit à l’origine en grec. Mais ce premier texte de Matthieu, nous ne le retrouvons dans aucun musée, dans aucune archive, encore moins sur internet. Nous avons perdu sa trace. Tout ce que nous avons ce sont des multiples copies de ce textes, des bouts de copies, car garder un papyrus presque 2000 ans, ce n’est pas chose gagné.

C’est alors plus tard, à partir des différentes copies et des premières traductions, qu’on a décidé de ce qu’on assemblera sous le nom de l’évangile de Matthieu dans nos Bibles. Et parfois c’est facile, car toutes les copies disent la même chose, et parfois, c’est moins clair. Comme ici avec notre passage à partir du verset 28. Visiblement à travers les siècles s’interrogeaient sur qui est le premier ou le deuxième enfants, et qui dit quoi … car tantôt c’est le premier qui dit non, mais qui fait oui, et l’envers ou alors rien de cela … Comment faire ?

Mais bon, la plupart de textes et de traductions disent ce qui vous trouvez dans votre bible, disent à peu près cela. Car il faut d’abord traduire du grec en français.  Et là c’est encore un autre défis.

 

 

Etape 3 :  Traduire c’est trahir

Un homme avait deux fils.

Et voilà, cela commence bien. Dans ma version grecque il n’y pas marqué que ce soient deux fils, deux garçons,  mais deux enfants.

Pourquoi la traduction opte elle pour les deux fils, probablement, car on ne voyait pas des filles travailler dans les vignes ?  Car c’est un peu comme avec Cain et Abel, Esau et Jacob, le fils prodigue ….?

Et puis le grec me dit aussi qu’il s’agit d’un enfant « proto »et puis « hetero » , autre, deuxième. Il y a donc un prototype et puis une autre version d’enfant.

Ce qui compte c’est qu’on va découvrir à deux façons de réagir à la demande d’aller travailler dans la vigne.

Il s’adressa au premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans la vigne.” – 29 “Non, je ne veux pas”, répondit-il ; mais, plus tard, il eut des remords et se rendit à la vigne. 

A partir de là on peut presque écrire la suite nous-même.

Si l’autre est l’autre, qui fait autrement, c’est alors ce qui est marqué dans la plus part de nos traductions :  l’autre dit : oui, seigneur, pas de soucis, j’y vais … mais il ne le fait pas.

Sauf, que là encore , le texte n’est pas si évident.

30 Le père adressa la même demande à l’autre. Celui-ci lui répondit : “Oui, père, j’y vais”, mais il n’y alla pas.

Mot à mot, ce qui est écrit dans notre copie est :

« Moi (Ego), Seigneur, et ne pas il alla. »

Dur à traduire et tentant du coup, d’y mettre un petit ajout pour combler un éventuel oubli.

Moi, je veux bien Seigneur,

Oui, Moi, oui, ok, …. Mais il n’alla pas.

C’est ce que vous allez trouver dans toutes les traductions en français en tous les cas.

Et si on restait sur cette version qui dérange tant ?

Ego,

Moi je

Voici l’autre type être humain.

Il y a ce premier type : boff, pas envie, je ne veux pas … mais qui y va tout de même.

Et il a cet autre, ce type humain, moi je,

Désolé j’ai moi-je, je ne peux pas.

Je dois prendre soin de mon ego, de mon moi je, …

Dit cet autre type d’humain.

ET on a envie de lui poser la question: Mais alors, pourquoi tu l’appelle « Seigneur », ce maitre, si tu ne te soumets pas à lui ?

Il dirait peut- être : Je l’appelle Seigneur, certes, oui, pour lui dire mon respect, mais ce n’est pas pour cela que je laisse tout tomber pour faire ce qu’il veut de moi.

Il reste bien cette distance entre nous. On se respecte de loin. Lui, c’est lui, moi, c’est moi.

 31Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » – « Le premier », répondirent-ils.

Nous arrivons au même résultat que dans la traduction à la française.

Le premier a bien fait.

Mais la raison change si nous appliquons cet autre traduction.

Dans le premier cas, le père préfère le premier car il fait et agit comme souhaité.

Dans le deuxième cas, c’est une question relationnelle. Car le premier enfant fait confiance. La confiance de dire la vérité et ce qu’il pense vraiment : je n’ai pas envie.

Et puis d’y revenir, faire chemin, se laisser convaincre, avoir des remords.

Le deuxième met de la distance entre lui et son maitre. Moi je suis moi, et toi tu es le Seigneur. Moi, je vais de mon côté, vas toi de l’autre.

Nous n’apprenons rien sur ses envies, il ne fait pas d’efforts de s’affronter, il s’en fout de ce qu’il pense le maitre de lui. Il y a deux mondes qui ne se touchent pas.

Jesus dit tout cela sous haute surveillance au temple. Dans les quelques jours et heures qui le séparent de sa mort, il prend le risque de faire réfléchir son public, ses adversaires sur leur relation à Dieu.

Eux ils sont forts pour discuter sur des lois, des coutumes et des moeurs, mais lui il leur présente le miroir : qui êtes vous ? Qui voulez vous être ?

Des gens sûr d’eux, qui ont tout acquis, même la vérité, et qui finalement s’assoient là-dessus en se disant  : moi, je , j’ai tout compris, et je sais ce qu’il bon à faire ou à pas faire …

Ou êtes vous aussi encore un peu comme ces gens qui se laissent interpeller, qui se mettent en question, qui n’ont pas envie, ni le courage dur premier coup mais qui y vont quand même ?

Jésus leur dit alors : « Je vous le déclare, c’est la vérité : les collecteurs d’impôts et les prostituées vous précèdent dans le règne de Dieu. 32 Car Jean le baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l’avez pas cru ; mais les collecteurs d’impôts et les prostituées l’ont cru. Et même après avoir vu cela, vous n’avez pas eu de remords pour finalement croire en lui.

Les collaborateurs et des prostitués, les premiers au paradis ?  Encore un scandale.

Jésus ne défend pas l’acte des collecteurs d’impôts, ni des prostitués, mais c’est leur relation, leur attitude de se laisser interroger et accepter à se convertir, de vouloir changer le cap, qui compte vraiment. Eux, ils voient le maitre comme un père auquel on peut revenir, dire ce qui ne vas pas, demander de l’aide pour y arriver. Se lever, tomber de nouveau, se relever encore.

Entreprise impossible pour les « moi je », pour les grands egos, pour celles et ceux qui disent que tout va bien pour eux et que surtout on les laisse tranquille.

 

 

 

Etape 4 :  Et alors ?

Les lecteurs et lectrices que nous sommes de ce texte, qui n’existe pas, mais qui nous parle quand même,

Si difficile à traduire, mais encore reste à faire de le traduire dans notre vie. Car nous avons compris, à nous aussi se pose la question : quel type humain es tu ?

Le prototype qui n’a pas toujours envie et qui fait tout même,

Ou la version moi je ,  moi je fais ce que j’ai envie de faire,

ou alors … peut être qu’il ne faut pas tout à fait opter pour l’un ou l’autre, mais que d’autres attitudes sont possibles.

Mais l’appel à la base reste: Le maitre a besoin que les enfants, filles et garçons, hommes et femmes, se mettent au boulot dans sa vigne. La vigne qui est dans le langage biblique une autre façon de parler du Royaume de Dieu ou alors du Monde où Dieu est en oeuvre, là ou on travaille sur des fruit spiritueux sont en vérité des oeuvres spirituels, des choses en lien avec la foi.

Tout à l’heure Mina, Catherine et Auriane sont allées travailler dans la vigne. Car elles prennent soin des enfants qui se posent des questions sur la foi.

Nous aussi nous pouvons y aller, y travailler, dans plein d’engagements, mais aussi dans le simple témoignage par ce que nous sommes  au quotidien.

Est ce que nous sommes celles et ceux qui vivent par eux même uniquement et qui s’assoient sur leurs vérités,

Ou sommes nous aussi celles et ceux qui se posent des questions, qui doutent, qui cherchent à comprendre et qui osent le dire par une confiance en leur Dieu ?

La vie avec Dieu n’est pas uniquement un appel à prêter sa main dans la vigne, mais aussi à faire confiance que cela se passera bien, malgré nos limites et nos défauts, car c’est Dieu père, qui est notre maitre, un Dieu de pardon et de grâce, d’amour et de patience.

C’est aussi cette confiance que Dieu lui même travaille sa vigne et qu’il est à l’oeuvre parmi nous.

Et au dessus de tout cela la promesse, qu’il n’y pas que du travail mais aussi le bonheur de la fête, d’être réuni autour de la table, là où toutes les distances tombent et que les égo, deviennent frères et soeurs, et que la coupe circule, et que le Royaume est là.

Que pensez vous de tout cela ?

Amen

 

Christina Weinhold,  1er octobre 2023

Contact