« On t’a fait connaître, Ô Homme ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi : rien d’autre que la pratique de la justice, l’amour de la miséricorde, l’humilité dans ta marche avec Dieu » Michée 6, 8
« Petit viatique pour cheminer dans la vie en général et pour l’année d’activité qui s’ouvre devant nous en particulier ».
Nous sommes vers l’an 700 av JC ; le prophète Michée se trouve dans une période de trouble à tous niveaux (religieux, social, moral) pour le peuple d’Israël. Il est contemporain d’autres prophètes qui ont enseigné dans la même perspective.
Amos a axé son message essentiellement sur la pratique du droit et de la justice ; Osée, quant à lui, est le prophète de l’amour ; Esaïe a souvent dénoncé l’orgueil de celui qui se confie en lui-même sans chercher à vivre selon la volonté de Dieu.
Michée vise ceux qui voudraient éviter de passer par une vraie repentance, ceux qui ne mettent pas Dieu au centre de leur vie, qui ne comprennent pas (ou refusent de comprendre) que c’est dans la soumission au Seigneur que la vie prend tout son sens.
Michée met en scène, « l’homme » (Adam, « poussière ») à « l’Eternel », le grand Dieu ; l’opposition est grande. Non, pas opposition : face à face…comme toujours, depuis toujours, depuis le jardin d’Eden.
Ce message est aussi celui que Dieu avait donné à Israël par Moïse déjà : « Maintenant, Israël, que demande de toi l’Eternel, ton Dieu, si ce n’est que tu craignes l’Eternel, ton Dieu, afin de marcher dans toutes ses voies, d’aimer et de servir l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme » (Deutéronome 10v12). Dieu demande une foi véritable, fondée sur l’obéissance à sa Parole, vécue dans une relation étroite avec lui.
Merci à Michée de nous permettre de faire de la théologie pratique parce que nous avons avec ces termes-là :
La justice, la miséricorde et l’humilité, les 3 piliers qui soutiennent la vie chrétienne, la vie avec Dieu.
Comme un trépied, et donc, le fait d’enlever un pilier entraîne… la chute.
Le problème soulevé par le prophète Michée est que le peuple d’Israël fondait sa relation avec Dieu sur… un monopied ; à savoir : ce qu’il faisait, en pensant que Dieu lui sera alors favorable. Les israélites calquaient leur religiosité sur celle de leurs voisins idolâtres.
- 1er pilier « Ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice » :
La justice, dans la pensée biblique est ce qui est juste aux yeux de Dieu, ce qui est conforme à sa volonté. Jésus
dira : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu et toutes ces choses vous seront données par-
dessus »(Matthieu 6v33) : il demande donc de vivre selon les principes du Royaume, et donc ceux du Roi.
En parlant de la justice, il ne s’agit donc pas avant tout de l’interpréter dans un sens juridique ou social.
Le message de Michée est de mettre en pratique la volonté divine.
Cela implique 2 idées : le fait de la connaître, à travers sa Parole ; et ensuite le fait de la vivre (jour après jour). - 2ème pilier « Ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu aimes la miséricorde » :
« Aimer », c’est porter tout son désir, ses pensées (et non pas avant tout ses sentiments fluctuants) vers un but ; c’est
s’appliquer, être animé d’un amour inébranlable. Quel est le but ? Vivre la miséricorde.
« Miséricorde » : c’est un des termes les plus riches du Premier Testament ; on ne peut retranscrire toute la palette
des différentes nuances en un seul mot ; sont liés à ce mot les notions de loyauté, de solidarité, d’amitié profonde,
d’alliance, de contrat, de grâce (et donc de pardon), de bonté, de bienveillance, de tendresse, de fidélité, de piété, de
culte rendu avec sincérité et vérité. Le terme de miséricorde divine est souvent employé pour exprimer la relation de
Dieu avec l’être humain.Cette notion est fortement reprise dans le Nouveau Testament :
« Je vous donne un commandement nouveau, dit Jésus : aimez-vous les uns les autres »(Jean 13) ;
« Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien, écrit Paul ; quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les
mystères, et toute la connaissance [spirituelle], quand j’aurais même la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je
n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, si je n’ai pas
l’amour, cela ne me sert de rien »(1 Corinthiens 13).Jean écrit dans son épître :
« Celui qui ne fait pas ce qui est juste [aux yeux de Dieu] n’appartient pas à Dieu, pas
plus que celui qui n’aime pas son frère » (1 Jean 3v10). - Enfin 3ème pilier : « Ce que l’Eternel demande de toi, c’est de marcher humblement avec ton Dieu » :
Cet aspect de la volonté de Dieu est à rapprocher des 2 premiers dans notre relation avec lui : l’humilité est signe de
dépendance, de soumission où ce n’est pas l’égocentrisme qui domine.Il est question de « marcher avec Dieu » Et comme l’amour qui se manifeste dans notre relation verticale, l’humilité
doit se vivre concrètement dans nos rapports les uns avec les autres également (Ephésiens 5v22-6v9).Comment pourrions-nous concevoir de vivre dans l’humilité face à Dieu, si nous manifestons une attitude de
supériorité vis-à-vis des autres ?
Jésus reprend ces 3 points (la justice, l’amour et l’humilité) au début du sermon sur la montagne et y ajoute une
dimension qui parle de son œuvre : la bénédiction.
« Heureux ceux qui sont humbles car Dieu leur donnera la terre ; heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés ; heureux ceux qui sont miséricordieux car ils obtiendront miséricorde »(Matthieu 5v5, 6, 7).
Et Jésus, juste avant ces paroles, avait commencé en parlant de notre position devant Dieu : « Heureux ceux qui se reconnaissent pauvres spirituellement, car le royaume de Dieu est à eux »(v3).
Et pour que nous puissions le vivre, Jésus est venu le vivre en parfait exemple :
Jésus a été fait justice : il a parfaitement accompli la volonté de son Père (et le summum l’a été à la croix) ; en lui,
nous sommes déclarés justes et devenus capables d’accomplir ainsi la volonté de Dieu.
Jésus a aimé parfaitement (et cela a culminé à la croix) ; et son amour en nous nous transforme.
Jésus a vécu dans l’humilité la plus grande (il l’a manifesté pleinement lors de sa mort) ; son attitude nous pousse à
suivre son exemple. Et je me souviens qu’après avoir lavé les pieds de ses disciples et leur avoir enseigné à vivre cette
humilité, il termine en disant : « Vous êtes heureux… à condition de mettre en pratique ces choses » (Jean 13v17).
Jean-Charles TENREIRO