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Prédication Philippe Kabongo-Mbaya Juin 2024
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LECTURES BIBLIQUES
15Voici ce que déclare le Seigneur Dieu, le Dieu d’Israël qui est saint : Vous ne serez sauvés qu’en revenant à moi et en restant paisibles. Votre seule force, c’est de garder votre calme et de me faire confiance.
18J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas comparables à la gloire que Dieu nous révélera. 19La création entière attend avec impatience le moment où Dieu révélera ses enfants. 20Car la création est tombée sous le pouvoir de forces qui ne mènent à rien, non parce qu’elle l’a voulu elle-même, mais à cause de celui qui l’y a mise. Il y a toutefois une espérance : 21c’est que la création elle-même sera libérée un jour du pouvoir destructeur qui la tient en esclavage et qu’elle aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. 22Nous savons, en effet, que maintenant encore, la création entière gémit et souffre comme une femme qui accouche. Elle le fait en solidarité avec nous, 23car ce n’est pas seulement la création qui souffre : nous qui avons déjà l’Esprit saint comme première part des dons que Dieu a promis, nous gémissons aussi intérieurement en attendant que Dieu fasse de nous ses enfants et qu’il délivre nos corps de leurs souffrances. 24Car nous avons été sauvés, mais en espérance seulement. Si l’on voit ce que l’on espère, ce n’est plus de l’espérance : qui donc espérerait encore ce qu’il voit ? 25Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.26De même, l’Esprit saint aussi nous vient en aide, parce que nous sommes faibles. En effet, nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même prie Dieu en notre faveur avec des gémissements qu’aucune parole n’est capable d’exprimer. 27Et Dieu, qui voit dans les cœurs, comprend ce que l’Esprit saint veut demander, car l’Esprit prie en faveur des croyants, comme Dieu le désire.
22Aussitôt après, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque pour qu’ils le précèdent sur l’autre rive, pendant que lui-même renverrait les foules. 23Après les avoir renvoyées, il monta dans la montagne pour prier, à l’écart. Le soir venu, il se tenait là, seul ; 24la barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. 25Vers la fin de la nuit, Jésus se dirigea vers ses disciples en marchant sur le lac. 26Quand les disciples le virent marcher sur le lac, ils furent troublés et dirent : « C’est un fantôme ! » Et ils poussèrent des cris de frayeur. 27Mais aussitôt Jésus leur parla : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur ! »
Chères et chers amis, frères et sœurs,
Par où commencer ? Avec une actualité politique comme celle qui nous laisse un peu sidérés, remplis des questions et anxieux, par où commencer l’écoute de ces textes ce matin ? La force de la Parole de Dieu n’est pas dans l’intériorité de nos vies, tant privilégiée par la tradition spirituelle qui est la nôtre ; la vérité de la parole de Dieu n’est pas dans l’extériorité, tout ce qui fait notre existence partagée.
La Parole de Dieu est force et vérité parce que Dieu est Dieu. Il nous rencontre et nous renouvelle son accompagnement comme il veut et quand il veut. Et bien souvent de manière inattendue et dans les circonstances improbables. Parfois comme de l’inespéré !
Les textes que je vous propose d’écouter ce matin ne sont pas les péricopes de ce dimanche. Je demande pardon à ceux qui les auraient lus, et qui ne pourront pas trouver le prolongement de leur méditation dans ma prédication. Vous allez bientôt réfléchir sur la déclaration de foi de Barmen. A sa façon, ce moment en offre une introduction.
Par où commencer ?
La traversée du lac relaté dans Matthieu 14 fait suite à deux événements importants, présentant une contradiction déchirante. Jean le baptiste, prophète reconnu et cousin de Jésus, vient d’être décapiter par Hérode. Une tristesse collective, une désolation même. Imaginez l’espérance suscitée par l’activité de Jean. Son sort cruel, une désorientation pour des multitudes, dont Jésus et ses proches, qui étaient des disciples de Jean.
Jésus a-t-il repris le flambeau ? Le pain à profusion, partagé avec la foule, vient refonder un espoir dans un climat de découragement. Les pains d’Elisée, l’héritier du grand Elie (2 Rois 4, 43), avec lequel le Baptiste était si souvent confondu, tout cela fait sens au sujet de Jean Baptiste, dont Jésus sera vu comme la réincarnation ! C’est très cohérent que la mort de Jean et la multiplication des pains apparaissent ici ensemble, comme prolégomènes à la traversée du Lac que Jésus ordonne à ses disciples.
Chaque fois que nous aurons à traverser quelque chose, souvenons-nous que quelque chose d’autre a sûrement précédé ce que nous dépassons, et que cela vient peut-être comme un « viatique », une assurance cachée, pour passer de l’autre côté ! Jean le baptiste et Jésus : il y a désormais un avant et un après, une bifurcation que prend le parcours de ce qui reste à vivre.
Voilà par où Jésus est passé ; voilà comment tout a commencé pour lui : l’élimination de Jean le baptiste, c’est-à-dire la décapitation de la grande espérance incarnée par le « dernier prophète ». C’est par ce plongeon dans l’inconnu que Jésus prend le témoin.
C’est le soir. Nous l’avons entendu. Jésus ordonne à ses amis de passer sur l’autre rive par la traversée du lac. Tout seuls, sans lui. Et lui-même sans eux, convoqué à la montagne par la prière !
Les amis de Jésus embarqués naviguent à vue, sans rien voir paradoxalement, car c’est le soir avancé. Les vagues montent dangereusement, les vents contraires : toute la nuit ils sont entre la mort et la vie. Le lac de Galilée était tout sauf le Léman à Genève. Ses bourrasques furieuses affolaient les plus intrépides des marins. Contrairement aux autres peuples de la région, les Phéniciens ou les Etrusques avant eux, les Juifs avaient une peur mythologique de l’eau ! La figure du chaos primitif…
Cette expérience de naufrage imminent était-elle seulement physique, extérieure, ou également un déchainement de panique intérieur ? Qu’est-ce qu’ils affrontent là, nos prédécesseurs dans la foi ? Les monstres lacustres réveillés ou les démons survoltés de leur doute, de leur peur ? De quelle mort sont-ils menacés dans ce tohu-bohu sur la mer ?
Il y a un détail qui souvent échappe. Jésus se présente à ses amis à un moment précis de cette traversée. La 4è veille de la nuit. Autrement dit à l’aube. Comme lors plus tard au matin de la pierre roulée !
Je ne commenterai pas plus l’aspect existentiel ou psychologique de cette traversée. C’est son enseignement touchant au dépassement collectif que j’aimerais mettre en valeur devant vous. Car ce n’est pas pour une personne individuelle que ces événements sont décrits, mais aux disciples des disciples, formant l’Eglise naissante ; aux générations des disciples, et jusqu’à nous, que le récit de cette traversée est confié !
Jésus vient vers les siens tétanisés, dans une barque qui sombre…il vient à son Eglise dans toutes ses traversées chaotiques ! Mais vous savez comment nous le reconnaissons d’emblée ?
Un fantôme !
Le mot a une signification caustique à partir du grec. Il a donné entre autres le terme de fantasme, bien connu. En cette lieu improbable et sous cette apparence-là, pas de doute…c’est un fantôme. Pour notre lexique aujourd’hui, on nomme ainsi ce que l’on considère être le produit de l’imagination. Une légère hallucination visuelle, quoi !
Dans l’œil du tourbillon, au seuil du naufrage, nous ne voulons voir et ne pouvons voir rien d’autre que la peur elle-même. Le paradoxe n’est au fond qu’apparent. Car nous sommes ainsi faits.
Quelles nuits affrontons-nous, disais-je à l’instant ? De quels dangers sommes-nous les proies lorsque nous nous débattons, sans avancer, contre les vents déchainés, contre nos propres fantômes et ceux des autres si mal identifiés ?
Jésus avance vers les disciples. « Courage, c’est moi… » : c’est tout ce qu’il dit. C’est tout ce qu’il nous dit.
Vous allez travaillez bientôt la Déclaration de Barmen : votre pasteur vous a sans doute dit en quel tourbillon les chrétiens confessants se trouvaient en ce moment-là, au cœur du Reich nazi ; elle vous a dit aussi le nom du chaos qui menaçait d’engloutir toute l’Eglise et qui avait pour nom : « chrétiens allemands ». Et cette barque minuscule des résistants tenaillés par la peur de sombrer définitivement par ces événements funestes de la propagande et des représailles féroces des nazis !
Vous allez travaillez ce document témoin de la résilience de l’Eglise confessante, texte devenu emblématique pour toutes les Eglises à travers le monde et notamment pour celles de la tradition réformée que nous sommes.
Avez-vous lu la déclaration du conseil national de l’EPUdF à la suite de scores alarmants du RN aux élections européennes et du 1e tour des législatives ?
Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire. C’est par-là aujourd’hui qu’il nous faut commencer !
Car les « fantômes » ne sont pas ce que l’on nous brandit ; ils ne sont pas tous ces masques agités pour réveiller et entretenir méthodiquement nos gisements de peurs…les fertiliser en haines.
La capacité de peuple viable réside dans ses moyens d’accueillir l’avenir. C’est pourquoi dans cet « embarquement », celui qui vient à notre rencontre nous dit : « courage, c’est moi ». Nous sommes à la 4e veille de la nuit. C’est l’aube !
C’est à la même certitude qu’Esaïe le prophète convoquait Israël plongé dans une crise sans nom, fin du 7e siècle av. JC. « C’est dans le calme et la confiance que réside votre force… ». Non pas dans la précipitation, l’improvisation qui désoriente et annule la vision, mais dans ce calme et cette confiance qui nous rejoignent comme un don et nous restructurent durablement ! Hier, j’ai travaillé ce passage avec les détenus à Fresnes. Je ne saurais vous décrire leurs mines transformées à l’écoute de cette promesse.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire, si du moins vous reconnaissez la voix de celui qui vous rejoint dans cette société si tourmentée par ses démons chéris et les convulsions de ce temps.
Mais, quelles que soient nos préférences et nos options : souvenez-vous que si nous ne savons pas ce qu’il convient de demander à Dieu dans nos prières, celui qui vient au-devant de nous, lui, le sait. C’est pourquoi le Saint-Esprit intercède pour nous avec des gémissements inimitables. Car Dieu est Dieu. Il est le Père de tous et de toutes.
A quel moment Jésus rejoint-il les siens ? Entre la nuit et le matin. Un temps imprécis, qui ressemble à un combat, que toujours la lumière termine.
Amen
Jeu d’Orgue
CONFESSION DE FOI
Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle, j’affirme avec audace ma foi en l’avenir de l’humanité.
Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes et les femmes incapables de rendre cette terre meilleure. […]
Je refuse de partager les idéologies dominatrices, suprématistes, sexistes, discriminatoires, qui alimentent les guerres et leurs atrocités dans le monde. […]
Seigneur tu as dit :
Heureux l’homme
qui ne marche pas selon le conseil des méchants,
Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs,
Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,
Mais qui trouve son plaisir dans la parole de l’Éternel,
Et qui la médite jour et nuit
Je refuse de croire aux déclarations des puissants, aux tabous, aux conformismes, aux entraves du statu quo.
Je crois fermement que, même au milieu des obus qui éclatent et des canons qui tonnent, il reste l’espoir d’un matin radieux.
J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour l’épanouissement de leur vie.
Je crois également qu’un jour toute l’humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi. Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, ou sous son palmier, et que plus personne n’aura raison d’avoir peur.
C’est-ce que je crois fermement.
(une adaptation de la confession de foi de Martin Luther King)
Amen
PRIERE D’INTERCESSION
Seigneur,
Beaucoup de mots percutent nos oreilles
Immigration, populiste, extrémiste, antisémitisme, complotiste …
Des mots qui voilent d’autant mieux des situations qu’ils prétendent dévoiler pour notre bien
Viens au secours de notre discernement
A l’heure des vérités digitales
Où chacun.e prend et croit choisir
Alors qu’il est ciblé par d’autres choix
A l’heure des manipulations redoutables
Où les offres de vérités et de mensonges se livrent un combat titanique
Guéri notre intelligence et guide notre regard sur l’essentiel
Nous ne savons pas ce qu’il convient de te demander dans nos prières
Mais ton Esprit intercède aussi pour ce monde et pour notre terre entière
Donne-nous ce calme et cette confiance
Afin que toute notre force concoure au Bien commun
Seigneur
Notre monde n’est pas très beau
Notre pays est en proie à la peur
Comme frappé de désorientation
Trop de résignation, de désillusions et de luttes inachevées
Trop de reculs, d’abandons et de capitulations
Viens au secours de notre force et de notre discernement.
Que des mots d’amour, de courage et de gratitude guident nos choix et nos pratiques
Que ta paix et ta guérison nous accompagnent pour cette traversée
NOTRE PERE
EXORTATION :
Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait.
BENEDICTION :
Que Le Seigneur vous bénisse et vous gare
Que son visage rayonne sur vous et vous accorde sa grâce
Que sa présence vous soit fidèle aujourd’hui et demain
Allez dans le calme et la confiance !